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Éducation: ce qu'il faut retenir des propositions de Macron, qui ne font pas que des heureux

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Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé son désir de réajuster le temps scolaire, notamment avec une rentrée le 20 août pour les élèves en difficulté. Une idée qui ne manque pas de faire réagir. Sur RMC, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat d'enseignants SNES-FSU, estime que c'est "hypocrite" de la part du chef de l'Etat.

Des ajustements importants au calendrier scolaire, c'est ce que veut Emmanuel Macron en amont de cette rentrée des classes 2023!

Dans une interview accordée au journal Le Point, le président a évoqué longuement le sujet de la rentrée scolaire... Qui arrive selon lui trop tard pour les élèves en difficulté.

Ces derniers doivent pouvoir rentrer à l'école, au collège ou au lycée dès le 20 août pour rattraper leur retard selon le chef de l'Etat. Emmanuel Macron veut également regagner du temps scolaire, cette fois en fin d'année, avec des cours qui pourraient être dispensés jusqu'à la fin du mois de juin pour les élèves qui ne passent pas d'examen.

Les parents divisés

L'initiative présidentielle ne manque pas de faire réagir dans le monde de l'éducation, à commencer par les parents d'élèves qui semblent divisés sur la question de la rentrée avancée au 20 août.

Pour Sara, mère de deux enfants, ce ne serait "pas une mauvaise idée de commencer vers mi-août histoire de commencer un petit peu à réviser". Et même si ses enfants n'ont pas de lacunes, cette maman considère que cette mesure serait bénéfique pour l'ensemble de la classe.

Mais une rentrée des classes fin août implique inévitablement des vacances raccourcies. Ce père de famille, de son côté, assume préférer que ses enfants "passent leur été bien tranquillement pour rentrer à l'école frais et dispos".

C'est votre avis : La rentrée dès le 20 août pour les élèves en difficulté ? - 24/08
C'est votre avis : La rentrée dès le 20 août pour les élèves en difficulté ? - 24/08
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Dans tous les cas, afin d'assurer ces cours de remise à niveaux... il faut des enseignants, et c'est ce qu'il manque pour rendre le projet réalisable d'après Laurent Zameczkowski, porte-parole de la fédération des parents d'élèves de l'enseignement public. "C'est très bien de rentrer plus tôt, mais si vous n'avez pas de professeurs pour faire cours vous pouvez même rentrer deux ans avant ça ne changera rien", ironise-t-il.

Un "coup de baguette magique" insuffisant?

Invitée de l'émission Apolline Matin sur RMC et RMC Story, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU est elle aussi farouchement opposée à cette rentrée avancée, qualifiant l'intervention d'Emmanuel Macron d'"hypocrisie".

"C'est assez frappant de voir cette annonce en pleine alerte canicule alors qu'il fait 40°C dans la moitié du pays et qu'on a des établissements qui sont des véritables passoires thermiques, on a donc du mal à se dire comment les élèves pourraient éventuellement rentrer dans ces conditions-là", tacle Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU.

De plus, Emmanuel Macron "dit ça sous couvert de lutte contre les inégalités, mais ce n'est pas en 10 jours d'un coup de baguette magique qu'on va réduire les inégalités et faire en sorte que les élèves progressent". Elle rappelle par ailleurs que le président a fait supprimer "8.000 postes d'enseignants depuis 2017, ce qui est comme si on avait rayé de la carte 180 collèges", et qu'il sera donc difficile d'avoir assez de personnel enseignant pour assurer cette rentrée avancée.

Le report des dates de Bac plebiscité

Au-delà de la rentrée des classes, Emmanuel Macron s'est aussi fendu d'autres annonces pour l'école. Du côté des candidats au Baccalauréat, les épreuves seront en effet repoussées.

Après les nombreuses critiques exprimées cette année, le calendrier du nouveau Bac sera réajusté car certaines épreuves sont trop "tôt dans l'année". Le nouveau ministre de l'Éducation Gabriel Attal a indiqué qu'il ferait des annonces avant la rentrée sur ce sujet.

La mesure est cette fois vivement soutenue par Sophie Vénétitay, qui rappelle que son syndicat "porte l'idée de repousser les épreuves du Bac "prévues en mars au mois de juin. Elle se remémore d'ailleurs qu'Emmanuel Macron "avait porté la réforme du Bac disant qu'il fallait des épreuves au mois de mars, et il nous avait même traité de "preneurs d'otages" quand on avait fait grève contre la réforme Blanquer".

Le président veut aussi en finir avec une hypocrisie, car "tout le monde n'a pas vocation à aller à l'université". Pour lui, il faut donc faire évoluer les formations post bac en fonction des besoins du marché du travail.

Enfin, Emmanuel Macron veut aussi refonder les programmes scolaires en histoire et en instruction civique.

Ameline Lavechin, Cassandre Braud, Jérémy Trottin et Alexis Lalemant