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"Foutez la paix aux lycéennes": après l'interdiction de l'abaya, la droite jubile, la gauche s'offusque

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Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a annoncé dimanche l'interdiction du port de l'abaya dans les établissements scolaires, cette longue robe traditionnelle considérée comme un signe religieux par certains. Une décision saluée par les enseignants, contents d'avoir une consigne claire, mais également par la droite et l'extrême droite. A gauche, a contrario, on tacle une décision islamophobe.

À une semaine de la rentrée, le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a tranché, les abayas n'auront plus le droit de cité dans les établissements scolaires. Jusqu'à présent, la situation du port de cette longue robe traditionnelle par certaines élèves de confession musulmane était gérée au cas par cas par les chefs d'établissements qui dénonçaient le manque de consignes claires du ministère. C'est désormais limpide, alors que certains estiment que le port de l'abaya porterait atteinte à la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux à l'école.

Une décision saluée par Didier Georges, directeur d'établissement et élu national du SNDPEN, le Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale: "C'est oui ou c'est non, mais cela ne pouvait être laissé à l'arbitrage des simples directeurs d'établissement", explique-t-il à RMC.

"Le ministre précédent (Pap Ndiaye, ndlr) avait refusé d'arbitrer cette question, le ministre actuel vient de le faire, on est donc satisfaits. Si le ministre avait décidé d'accepter les abayas, nous aurions accepté aussi", ajoute-t-il.

"C'est assez logique que l'abaya, qu'on avait clairement tous identifiée comme une tenue à caractère religieux, n'ait plus sa place dans un établissement scolaire", justifie Didier Georges.

"Bravo à Gabriel Attal" abonde ce lundi sur RMC et RMC Story Robert Ménard le maire de Béziers et proche de Marine Le Pen, partisan du port de l'uniforme à l'école. Pour lui l'abaya est "de fait un instrument de prosélytisme. Je ne trouve pas ça bien qu'un enseignant sache en regardant les habits d'un élève, qu'elle est sa religion".

Le parti-pris : G.Attal annonce l'interdiction des abayas à l'école - 28/08
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"Est-ce vraiment la priorité de l'Éducation nationale?

A contrario pour Louis Boyard, député Nupes du Val-de-Marne, il s'agit "d'un coup de com' islamophobe": "Foutez la paix aux lycéennes, laissez les s'habiller comme elles veulent", insiste l'élu au micro de RMC, pointant un problème de cohérence et d'interprétation.

"Comment définissez-vous l'abaya? J'ai des lycéennes qui m'expliquent qu'elles portent des robes amples mais comme elles sont arabes, elles sont définies comme musulmanes et c'est une abaya. D'autres ne sont pas perçues comme musulmanes, portent des robes amples et on ne leur dit rien. Ça crée des injustices que ressentent ces lycéennes", insiste Louis Boyard.

"Est-ce vraiment ça la priorité dans l'Education nationale? Foutez la paix aux lycéennes, sincèrement", clame le député.

Même son de cloche pour Clémentine Autain, la députée Nupes de Seine-Saint-Denis, qui a dénoncé la décision du ministre de l'Éducation nationale: "Jusqu'où ira la police du vêtement? La proposition de Gabriel Attal est anticonstitutionnelle, contraire aux principes fondateurs de la laïcité, symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans. À peine rentrée, la macronie tente déjà de prendre le RN par la droite", a-t-elle lancé sur X (anciennement Twitter).

L'abaya comme "attaque politique"

"On nous attaque d'islamophobie, en expliquant que l'abaya n'est pas un vêtement religieux, il faudrait donc savoir, mais évidemment que ça l'est", ironise ce lundi sur RMC et BFMTV le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Pour Robert Ménard, la position de la Nupes et la qualification de "police du vêtement", c'est se "foutre du monde" et une prise de position politique: "Leur saucisse, c'est un électoralisme de bas étage où l'on essaye de racoler des gens dont on pense qu'ils sont notre électorat", estime le maire de Béziers sur RMC.

"C'est même une attaque politique. Quand vous venez avec des habits religieux ostentatoires après un appel sur les réseaux sociaux, vous faites de la politique et du prosélytisme", conclut Olivier Véran.

De son côté, le Conseil français du culte musulman (CFCM) estime que l'abaya n'est pas un signe religieux musulman. Selon une note des services de l'Etat, les atteintes à la laïcité, bien plus nombreuses depuis l'assassinat en 2020 aux abords de son collège du professeur Samuel Paty, ont augmenté de 120% entre l'année scolaire 2021/2022 et 2022/2023.

G.D.