"Il a tapé trop fort, mais...": un prof brûle les copies du bac, certains élèves le pardonnent

Un enseignant d'anglais en garde à vue pour avoir brûlé les copies du bac des élèves en bac pro de son lycée. La scène a eu lieu mardi devant l'établissement du XVIIe arrondissement de Paris. L'homme, âgé d'une trentaine d'années, était contractuel depuis janvier.
Il avait divulgué le sujet du bac à ses élèves pour les aider à préparer l'épreuve d'anglais du 18 avril dernier. Des faits qui étaient arrivés jusqu'aux oreilles de la direction. Les élèves ont donc passé le sujet de secours.
Mais mardi, l'enseignant déchire une à une les 63 copies du bac d'anglais qu'il a corrigées. Méthodiquement, il les asperge d'essence et les regarde prendre feu dans une corbeille en métal. Un geste qu’il justifie comme ceci: "pour éveiller les consciences sur les défaillances".
“Il y a une défaillance du système éducatif. Le niveau des élèves en anglais, et dans d’autres matières aussi, est extrêmement faible parce qu'on essaye aux forceps de leur faire acquérir certaines connaissances, certains contenus. Les élèves n’arrivent pas à trouver de l’intérêt dans ce qu’ils font et sans intérêt, il n’y a pas d’apprentissage”, juge-t-il.
Une plainte déposée contre l'enseignant
Sylvain, l'un de ses élèves de bac professionnel, a vu sa copie partir en fumée.
“Il a voulu faire passer un message, mais il a tapé fort, trop fort. Au fond, il n'était pas méchant. Il essayait de nous faire apprendre, mais avec une heure d’anglais par semaine, c’est compliqué. En tant qu’élève, je n’ai jamais eu l’impression d’apprendre l’anglais. J’ai un message à faire passer à l’éducation nationale, mettez plus d’heures pour nous faire mieux comprendre la langue”, indique-t-il.
Certains élèves comme Sylvain pardonnent, mais du côté du personnel du lycée, le geste ne passe pas. "C'est dingue de faire ça aux élèves" s'écrie l'une des cadres en poussant les grilles. Le proviseur a porté plainte contre l'enseignant. Il encourt jusqu'à 10 ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende. Le rectorat de Paris cherche, lui, comment faire repasser l'épreuve aux terminales de l'établissement sans les pénaliser. Le ministre de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, a condamné le geste d'un professeur mercredi soir.