RMC
Éducation

"Je les vois aider leur famille": à Mayotte, des classes toujours fermées, élèves et profs absents

placeholder video
Des centaines de classes sont toujours fermées à Mayotte, quatre mois après le passage du cyclone Chido. Des conditions d'enseignement très difficiles qui désespèrent enseignants et parents d'élève, au point que désormais, certains souhaitent quitter l'archipel.

Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale, a promis fin janvier de rétablir l'école à Mayotte "le plus vite possible" pour y accueillir les enfants toute la journée. Presque quatre mois après le passage du cyclone Chido, l'archipel peine à se reconstruire et les élèves à reprendre les cours normalement, faute de bâtiment.

Si tous les établissements ont rouvert, le rectorat l'admet: 12% des classes en maternelle et primaire restent fermées. Le chiffre grimpe à 14% pour les collèges et lycées. Dans un collège au nord de l'île, par exemple, il y avait 36 salles avant Chido contre seulemment 19 opérationnelles aujourd'hui, selon la vice-présidente du département.

En tout, 220 classes ont été fermées dans le premier degré sur un total de 1.832. Dans le secondaire, ce sont 298 classes pour un total de 2.058, précise le rectorat auprès de RMC. Alors, les élèves tournent sur la semaine: un jour les 6ᵉ, un jour les 5ᵉ, puis les 4ᵉ. Les 3ᵉ, eux, ont une quinzaine d’heures de cours, témoigne un enseignant. Un membre du conseil d'administration du collège veut saisir la ministre.

Des écoliers envoyés en métropole

"On se mobilise, on crie", contre les conditions d'enseignement, s'étrangle une mère de famille. Il y a des murs fissurés dans l'école primaire d'une de ses filles, des professeurs absents au lycée de l'autre. Les travaux concernent essentiellement les toitures, mais également l'électricité. Le bâti de certaines écoles a été touché, notamment à Koungou et Vahibé. Pour ces cas précis, les établissements devront être reconstruits.

"C'est trop long" soupire un père déchiré, qui a décidé d'envoyer ses enfants en métropole. Peu d'écoliers sont partis de l'archipel, répond le rectorat qui évoque des chiffres "résiduels".

"J'adorais Mayotte mais ce n'est plus Mayotte", confie une enseignante qui a demandé sa mutation

Un accès à l'éducation entravé qui anime désormais une crainte: le brevet et le bac auront-ils la même valeur à Mayotte que dans le reste de la France? "Est-ce que ce sera pénalisant sur Parcoursup par exemple?", se demande une éducatrice. Dans son collège, une vingtaine d'enseignants manquent à l'appel, sur 150. Les élèves sont eux aussi absents. "Je les vois dans les rues, aider leur famille, pas en cours", ajoute-t-elle.

"On a l’impression que le cyclone est passé il y a deux semaines!", s'insurge une professeure, qui confie avoir demandé sa mutation. "Maintenant, je compte les jours. J’adorais Mayotte, mais ce n’est plus Mayotte". Le rectorat assure que peu d’enseignants ont demandé une mutation: "Les demandes de mutation ne sont pas plus nombreuses que les années précédentes."

Marion Gauthier