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Temps d'échanges sur l'antisémitisme à l'école: "Une réponse hors-sol et pas du tout adaptée"

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Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat enseignant SNES-FSU, a dénoncé ce jeudi sur RMC une "réponse hors-sol" à propos du temps d'échanges réclamé par Emmanuel Macron dans les écoles, à la suite du viol subi par une jeune fille de 12 ans au caractère antisémite. Le monde enseignant estime également que cette demande est en inadéquation avec la fin de l'année et la période électorale.

Le président Emmanuel Macron a demandé mercredi "un temps d'échanges" sur le racisme et l'antisémitisme dans les établissements scolaires, après le viol d'une enfant juive de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) qui a suscité l'indignation de plusieurs leaders politiques dénonçant ce "fléau". 

Une mesure "extrêmement difficile à mettre en place", a jugé ce jeudi sur RMC et RMC Story, dans Apolline Matin, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat enseignant SNES-FSU. "C'est une réponse hors sol et pas du tout adaptée aux faits abjects qui se sont déroulés à Courbevoie", a-t-elle fustigé.

La syndicaliste a dénoncé une "forme d'instrumentalisation" avec "Emmanuel Macron" qui "débarque et dit 'faites ça en 1h'. C'est une séquence politique, ce n'est pas sérieux par rapport aux enjeux de l'école", selon elle.

L'invité de Charles Matin : Racisme/Antisémitisme, un "temps d'échange" à l'école - 20/06
L'invité de Charles Matin : Racisme/Antisémitisme, un "temps d'échange" à l'école - 20/06
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Les élèves ne demandent qu'à apprendre et à expliquer

Pour Mathis, professeur d'histoire-géographie dans un collège à Villepinte et interrogé par RMC, c'est pourtant une bonne idée: "Les élèves ne demandent qu'à apprendre et à expliquer. Une fois qu'on leur explique correctement les conséquences de l'antisémitisme et du racisme, les élèves commencent à comprendre", a-t-il assuré.

L'enseignant déplore toutefois, à l'instar de Sophie Vénétitay, une décision prise loin de la réalité du terrain. "Faire cela en fin d'année, sur les deux dernières semaines... Ce n'est pas maintenant qu'il faut faire, ce n'est pas une seule heure qu'il faut faire", a-t-il préconisé.

Même son de cloche pour Sophie Vénétitay: "C'est un sujet sensible qui n'est pas facile à traiter. Quand on prend le temps sur plusieurs heures, plusieurs semaines, on arrive à des résultats plutôt intéressants. Il faut du temps, il ne faut pas réagir dans la précipitation et l'émotion", a-t-elle fait valoir.

Même "agacement" pour Jérôme Fournier, secrétaire national du syndicat SE-Unsa. "Nous dénonçons bien évidemment l'horreur de ce drame mais est-ce à l'école de répondre à cette situation, dans ce contexte électoral?", s'interroge-t-il.

"Aujourd'hui, c'est le temps qui nous manque", estime Sophie Vénétitay

Francois Van Der Goten, professeur des écoles à Tourcoing et co-secrétaire local du SNuipp va même plus loin: "Libérer une heure partout en France, c'est complètement illusoire, on est clairement dans le coup de com'. Il faut l'aborder sérieusement, c'est ça qui est vraiment gênant", a-t-il jugé.

"Cela rentre par une oreille et ça sorte par l'autre"

Les parents aussi s'interrogent, est-ce le bon moment pour les enfants d'assimiler ces messages ? "Le mode de gestion de crise, subitement et précipitément, ce n'est pas comme ça qu'on apprend à vivre ensemble. Cela rentre par une oreille et ça sorte par l'autre. Malheureusement, cela ne fait pas l'éducation, elle se construit", a estimé de son côté Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE.

La ministre de l'éducation Nicole Belloubet a promis des consignes plus précises dans la journée de ce jeudi 20 juin.

Léo Manson avec Mahauld Becker-Granier