"Tout se passe sur le téléphone en navigation privée": à 14 ans, ils sont déjà experts des sites pornographiques
À 14 ans, ils sont déjà experts des sites pornographiques et en connaissent de nombreux: "On y va on fait nos petites affaires". Pablo, Teddy, et Ryan font leurs petites affaires sur des sites réservés aux adultes auxquels ils ont accès très facilement: "Tout se passe sur le téléphone, sur navigation privée". "C'est facile, on nous demande l'âge et on dit qu'on a 18 ans". "Voilà, on expérimente".
Le téléphone portable est un véritable fléau pour les parents qui perdent le contrôle sur ce que peuvent visionner leurs enfants. Laurence a découvert il y a peu que son fils de 18 ans a regardé très jeune et très régulièrement des films pornographiques:
"À répétition et pendant de longues durées à un âge très jeune, 12 ans. J'ai essayé de contrôler autant que j'ai pu. J'ai mis le contrôle parental mais ils savent très bien le faire sauter. Je l'ai empêché d'avoir un portable jusqu'à l'âge de 14 ans mais il a toujours réussi à en récupérer un via un oncle, une tante. Même en essayant de contrôler, en interceptant tous ces outils-là et ça a été la chasse pendant 5-6 ans, ça n'y change rien. C'est une lutte vaine et épuisante, c'est une illusion de penser qu'on va les empêcher d'accéder à ces images".
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Les pleins pouvoirs au CSA ?
Alors c'est à l'Etat de faire respecter la loi selon Marie-Alix Leroy auteure de "Protégeons nos enfants des écrans": "L'accès aux cigarettes, à l'alcool, la visite d'un sex shop, est interdite aux mineurs par la loi. Mais internet est bourré de sex shop, il faut arrêter et très bien bloquer. Les moyens techniques existent, la volonté politique est elle inexistante. Peut-être parce qu'il y a de l'argent en jeu", s'interroge-t-elle. Elle demande la mise en place rapide d'algorithmes qui détectent l'âge des internautes, afin de bloquer l'accès s'ils sont mineurs.
"On a une loi en France qui dit que l'on ne peut pas mettre les enfants face à la pornographie et depuis juillet 2020, le fameux "as-tu 18 ans?" ne suffit plus. Il faut un moyen supplémentaire", réclame également Justine Atlan, directrice générale de l'association e-enfance.
"On saisit la justice 12 mois après pour leur demander de se positionner et elle botte en touche. La justice dit que 'les sites sont dans l'illégalité mais on ne peut rien faire', car les sites pornographiques n'ont pas expliqué pourquoi ils ne s'étaient pas mis en conformité avec la loi. (...) Aucune solution ne sera parfaite, mais aujourd'hui il n'y a rien! L'exigence n'est pas très forte, c'est uniquement une question de moyens (...) Il faut juste que la loi soit respectée. Le CSA a les pouvoirs de constats d'huissier, de mises en demeure", dénonce-t-elle.
Le gouvernement a publié jeudi un décret laissant au CSA. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, qui depuis longtemps déjà se rêve en gendarme des Internets pourra décréter la fermeture de n’importe quel site pornographique.
Il suffira pour cela que le régulateur français reçoive un signalement de la part d’un internaute ou d’une association de consommateurs. Le site aura alors 15 jours pour se mettre en conformité avec le droit français, sous peine de quoi il pourra être sanctionné d’une peine de 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende. Si passé ce délai, la plateforme permet toujours aux mineurs d’accéder à des contenus pour adulte, elle sera bannie du web français.
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