Élisabeth Borne ne veut plus de "logements" pour les plus précaires dans les quartiers prioritaires

Élisabeth Borne à Chanteloup-les-Vignes le 27 octobre 2023 - BFMTV
Une mesure dite au nom de la "mixité sociale" alors qu'elle était en déplacement à Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelynes pour assister au comité interministériel des villes.
La première Ministre était attendue sur des mesures plutôt sociales pour enrayer la concentration de la pauvreté. Elle a choisi de s'attaquer à la politique du logement.
"Toutes les difficultés ne doivent pas être rassemblées au même endroit. La mixité est une chance. Elle est nécessaire", a-t-elle martelé.
Une mesure qui vise les ménages dits “Dalo”
Près de 35.000 ménages ont obtenu la reconnaissance de ce droit (DALO) en 2022.
93.000 restent en attente d'un relogement malgré cette reconnaissance, en grande majorité en région parisienne. Cette mesure doit viser les ménages dits "Dalo" pour "droit au logement opposable". C’est-à-dire ceux dont la demande de logement est prioritaire, à traiter dans les six mois. Pourtant, 93.000 sont toujours en attente d'un logement. Il s'agit des demandeurs les plus modestes, avec des revenus souvent autour du SMIC.
Pour la ministre, ces ménages ne doivent donc plus bénéficier de logement dans les QPV : les Quartiers prioritaires de la ville. Il y en a près de 1.500 en France, majoritairement à Paris et dans sa région.
Ces quartiers désignent en réalité en grande partie de cités dans lesquelles les loyers sont souvent les moins chers. Pour appliquer cette mesure, la Ministre veut passer par les préfets. Des préfets à qui elle demande également de ne plus créer d'hébergements d'urgence pour les personnes sans-abri.
Une déclaration qui fait réagir les associations
La première Ministre était attendue sur des mesures plutôt sociales pour enrayer la concentration de la pauvreté. Mais sa déclaration passe mal auprès du monde associatif. En effet, la mesure a fait réagir la gauche et les associations qui luttent contre le mal-logement.
Priver les ménages "dalo", les ménages au droit au logement opposables (dont 93 000 sont encore en attente d'un relogement à l'heure actuelle) dans les quartiers prioritaires de la ville, c'est s'attaquer aux plus fragiles dénonce Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au Logement.
L'éducation : une priorité pour le gouvernement
Pour lutter contre les discriminations à l'embauche, au logement ou dans l'accès aux prêts bancaires, le gouvernement va également lancer "dès 2024 des opérations de testing massives". Le testing consiste à envoyer au même organisme des CV ou dossiers de personnes différenciées seulement par un point pouvant faire l'objet de discrimination.
L’éducation, priorité selon nombre d’élus pour atténuer les inégalités entre quartiers populaires et reste du territoire, bénéficie de plusieurs mesures : l’extension des cités éducatives, où la prise en charge des élèves est renforcée, et l’ouverture garantie des collèges de 8 heures à 18 heures dès la rentrée 2024.
Les bibliothèques verront également leurs horaires d’ouverture étendus dans cinq cents quartiers, promet le gouvernement.