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Fin de la trêve hivernale: la grande crainte d'un retraité, qui vit avec un respirateur

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Patrick, retraité, n'arrive plus à payer son loyer et vit 24h/24 avec un respirateur. Il a fait une demande de logement social mais pas de réponse. Vendredi, à la fin de la trêve hivernale, il risque d'être expulsé.

Alors qu'on s'attend à une forte chute des températures dès vendredi, des milliers de personnes risquent de se retrouver à la rue avec la fin de la trêve hivernale. Patrick nous a contactés à l'adresse rmcpourvous@rmc.fr car il risque d'être expulsé de son logement parce qu'il n'a pas payé ses loyers. Âgé de 68 ans, il a travaillé toute sa vie notamment comme policier municipal dans sa ville, à Vincennes.

Il y a 13 ans, il loue un appartement à 875 euros par mois, mais, très vite, il a de gros ennuis de santé, un anévrisme, un cancer... Aujourd'hui, il vit 24h/24 avec un respirateur. Et financièrement, il ne s'en sort plus et n'arrive plus à payer son loyer. A la fin de la trêve hivernale (31 mars), il risque d'être expulsé de chez lui.

"Si je n'ai pas d'oxygène, trois ou quatre heures après, ce sera la fin..."

"Je n'ai nulle part où aller, il y a de grandes chances que je me retrouve à la rue. Je vais me retrouver avec les appareils électriques dehors mais il faut qu'ils soient branchés, sinon ça ne sert à rien. Si je n'ai pas d'oxygène, trois ou quatre heures après, ce sera la fin...", explique Patrick à RMC.

Alors bien sûr, Patrick comprend sa propriétaire. Il est le premier à dire que ce n'est pas qu'il ne veut pas la payer, mais qu'il ne peut pas. C'est pour ça qu'il a fait une demande de logement social il y a plusieurs années. Mais pour l'instant, rien.

De notre côté, on a appelé la mairie de Vincennes qui s'est engagée à rappeler le bailleur 3F, qui s'occupe d'une partie des logements sociaux de la commune. On a aussi joint le bailleur, qui nous dit que son dossier a été refusé à cause d'un problème administratif mais qu'ils vont reprendre contact avec lui et l'aider dans toutes les démarches pour refaire une demande.

"On craint vraiment une explosion des expulsions"

La fin de la trêve hivernale devrait être particulièrement cruelle cette année. "Pendant les années 2020 et 2021, il y a eu moins d'expulsions qu'aupravant, explique Marie Rothhahn, responsable de la plateforme "Allô prévention expulsion" à la Fondation Abbé Pierre. Les trêves hivernales ont été prolongées, il y a eu des circulaires qui demandaient aux préfets de ne pas expulser sans proposer d'hébergement ou de relogement. Donc là on craint vraiment une explosion. Il pourrait y avoir 30.000 à 40.000 expulsions, alors que l'Etat prône une politique de "logement d'abord". Cette fin de crise de crise serait peut-être l'occasion d'enclencher ça." 30.000 expulsions, ce serait deux fois plus qu'en 2019, avant la crise sanitaire...

Marie Dupin avec Anne-Lyvia Tollinchi (édité par J.A.)