L'abbé Pierre accusé d'agressions sexuelles: comment la communauté Emmaüs digère les révélations

De nouveaux signalements d'agressions sexuelles ont été déposés à l'encontre de l'abbé Pierre sur la plateforme d'Egaé, le cabinet chargé de recueillir la parole des victimes du fondateur d'Emmaüs, décédé en 2007. Une dizaine, selon une information du groupe EBRA, qui a été confirmée par nos confrères de BFMTV ce mercredi, une semaine après les révélations sur l'abbé Pierre.
Le rapport publié mercredi 17 juillet par la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs France et Emmaüs International évoque sept victimes. Une huitième s'est exprimée sur France Inter. Comment la communauté Emmaüs digère-t-elle les révélations sur l’abbé Pierre?
"C'est comme accuser Louis XIV"
Ces nouveaux signalements n'étonnent pas les bévénoles, parmi ceux qui ont accepté de parler à RMC. Que de nouvelles victimes s'expriment, c'est "même l'intérêt de la démarche", estime la directrice d'un Emmaüs près de Vannes. D'ailleurs, si les responsables des structures souhaitent communiquer, ils le peuvent, ils ont reçu un courrier du siège en ce sens.
Depuis la semaine dernière, personne ne semble avoir réellement encaissé les révélations. Alors, quelques rares membres, les plus âgés, disent séparer l'homme de son engagement humaniste. Pour une responsable septuagéaire, "c'est comme accuser Louis XIV". Mais la plupart évoque surtout le besoin de temps. Ils sont donc d'accord avec la fermeture provisoire du centre abbé Pierre en Normandie, un lieu de mémoire, pour faciliter l'apaisement.
Continuer le combat coûte que coûte
Au niveau local, les communautés, les boutiques, les SOS Familles, sont autonomes. Et s'y pose la question de l'héritage de l'abbé Pierre, celle notamment de ses portraits dans les locaux: faut-il les faire disparaître? Une source nous affirme qu’au siège d’Emmaüs, ils ont d’ores et déjà été retirés. Même chose à la communauté de Fougères, en Bretagne. Dans celle de Pontivy, on s'interroge sur le collage réalisé par un artiste dans la boutique. Comme à Bayonne, où une réunion va avoir bientôt lieu pour trancher cette question.
En tout cas, un point réunit toutes les personnes interrogées: la volonté de continuer le combat coûte que coûte contre la pauvreté. Un combat soutenu par les donateurs qui, pour le moment, sont toujours au rendez-vous.