"La misère est de plus en plus forte": avec l'inflation, les chiffres inquiétants des Restos du Cœur

72 heures de générosité. Ce week-end est organisé la collecte nationale des Restos du Cœur dans plus de 7.000 supermarchés de France. Cette 38e campagne d'hiver des Restos du Cœur est marquée par l'inflation, notamment des produits alimentaires (+ 14,5 % sur un an). Avec cette flambée des prix, la crainte est grande de voir les dons baisser. Une alerte donnée par l'association fondée par Coluche en 1986 depuis plusieurs mois.
L'année dernière, plus d'un Français sur trois a moins donné à des associations selon le résultat d'un sondage Odoxa pour l'observatoire de la générosité. Des dons qui se sont élevés à 200 euros, en moyenne, soit 7 euros de moins que l'année d'avant. La principale raison invoquée étant qu'ils peuvent moins se le permettre: la crise sanitaire et le conflit en Ukraine ont augmenté leur sentiment d'anxiété économique et un quart des Français interrogés craignent d'ailleurs devoir faire appel eux même à la solidarité.
9.000 tonnes de denrées alimentaires espérées
Cette année, les Restos du Cœur espèrent collecter 9.000 tonnes de denrées alimentaires et de produits d'hygiènes, contre 8.700 l'an dernier. Des conserves, du riz, des pâtes et des produits secs, du savon, mais aussi des brosses à dents, ou encore du lait pour bébé. Autant de produits que les bénéficiaires ne peuvent plus s'acheter. Si on prend l'exemple des couches, par exemple, cette semaine le président de Système U Dominique Schelcher a déclaré anticiper une flambée des prix de ces produits de plus de 25 % dans les prochaines semaines.
Parmi les mannes financières pour les Restos, le concert des Enfoirés, diffusé vendredi sur TF1, a rapporté près de 15 millions de repas sur les 142 millions servis en 2021. Les Enfoirés ont permis de rapporter aux Restos plus de 8,5 millions d’euros sur l’exercice 2020-2021, marqué pourtant par l'absence du public et l'absence des bénéfices de la billetterie. Une situation qui ne s'est pas reproduite cette année avec le retour du public après deux ans d'absence.
L'inquiétante explosion du nombre de bénéficiaires
L'enjeu est énorme en ces temps d'inflation alors que les Restos du Cœur font face à un rebond des nouveaux bénéficiaires avec une hausse des inscriptions de 22%. Certains centres enregistrent même une hausse des inscriptions de 30 à 50 % en quelques mois cet hiver. En 2006, les Restos du Cœur accueillaient 670.000 bénéficiaires. L'an dernier, ils étaient 1.100.000 à pousser la porte de l'association portée par Coluche. Le constat est plus grave et plus rapide que ce qu'on a connu pendant la crise de 2008 où le nombre de bénéficiaire avait atteint pour la première fois le million.
Pour le patron des Restos du Cœur, "la misère est beaucoup plus forte" aujourd'hui et le profil des bénéficiaires change puisque la moitié des nouveaux inscrits a moins de 25 ans. Désormais 52% des bénéficiaires des Restos ont moins de 25 ans. Les familles monoparentales, principalement des femmes seules avec enfants, représentent un quart des bénéficiaires et 45% sont des personnes seules. Les bénévoles constatent également l'arrivée de plus en plus de Français qui travaillent mais qui ont basculé dans la précarité avec la hausse des prix.