"La souffrance dure depuis trop longtemps": comment mettre fin aux violences urbaines?

Depuis la mort du jeune Nahel mardi lors d'un contrôle de police, des écoles et des édifices publics ont été la cible de la colère de jeunes habitants des quartiers populaires et incendiés dans de multiples villes de France, rappelant les émeutes qui avaient embrasé la France en 2005 après la mort de deux adolescents poursuivis par la police.
Mohamed Mechmache, co-fondateur du collectif "AC le feu", créé lors des émeutes dans les banlieues à l’automne 2005, estime sur RMC ce vendredi que la comparaison est possible sur certains aspects. Mais que malheureusement, les choses peuvent s'embraser d'autant plus vite en 2023 en raison des réseaux sociaux et du manque d'éducateurs dans les quartiers populaires.
"On n'est plus à l'époque de 2005. En 2005, on avait des éducateurs sur le terrain, de la présence humaine. Malheureusement, le compte n'y est plus", juge-t-il.
"Ils ne demandent qu'une chose, c'est le droit commun, des services publics..."
Selon lui, cette "révolte" n'est pas qu'une question de relations entre la police et la population.
"Il y a d'autres problématiques dans ces territoires. Tant qu'on ne prendra pas à bras-le-corps l'ensemble des problématiques qui font que les choses explosent, avec souvent des drames en éléments déclencheurs..."
Mohamed Mechmache estime que les choses n'ont que trop peu évolué dans les quartiers dits "sensibles" et que les revendications sont les mêmes depuis 40 ans.
"Il y a toute une souffrance dans ces territoires qui dure depuis trop longtemps. Cela fait 40 ans qu'on traite ces habitants comme une exception alors qu'ils ne demandent qu'une chose: c'est le droit commun, des services publics..."
"J'ose espérer que ça s'arrêtera, ce sera dans l'intérêt de tout le monde"
Le co-fondateur d'"AC le feu" estime que les habitants de ces quartiers sont de "plus en plus précarisés" avec des familles "qui ne s'en sortent plus". Il estime que cette paupérisation est une véritable "violence".
Pour tenter de résoudre ce problème, il tient à interpeller les responsables politiques et réclame un "vrai Grenelle de la politique de la ville" pour que les quartiers populaires deviennent des lieux où il fait bon vivre.
A court terme, s'il ne veut "pas crier au loup", il ne pense pas que les choses ne vont pas s'arranger concernant les émeutes, notamment en raison du rôle des réseaux sociaux dans l'embrasement de la situation. "J'ai un peu peur. J'ose espérer que ça s'arrêtera, ce sera dans l'intérêt de tout le monde", conclut-il.