"Ne faites plus d'études": l'enseignement supérieur dépassé par l'intelligence artificielle?

Un amphithéâtre (image d'illustration) - -
Sommes-nous totalement dépassés par la situation? L'intelligence artificielle (IA) ne cesse de gagner du terrain dans tous les domaines. Elle est même devenue un outil indispensable sur les bancs des facultés en enseignement supérieur.
Longtemps décriée par le système scolaire, qui cherchait à l’interdire ou à l’encadrer pour éviter la triche, notamment pour des raisons éthiques, déontologiques et écologiques, l’IA est aujourd’hui devenue trop répandue pour que son utilisation puisse réellement être endiguée. Selon deux enquêtes internationales du Digital Education Council, qui a interrogé 3.800 élèves dans 16 pays en 2025, 86% des étudiants déclarent utiliser l’IA dans le cadre de leur travail.
"L'enseignement supérieur est totalement dépassé", confie Laurent Alexandre, coauteur de Ne faites plus d'études: apprendre autrement à l'ère de l'IA, avec Olivier Babeau, dans Les Grandes Gueules. "Il n'a pas intégré l'IA dans ses méthodes et ne prépare pas les élèves à être complémentaires et compétitifs."
Des cursus dépassés?
Preuve de ce retard, "seuls" 61% des établissements d'enseignement supérieur utilisent l'intelligence artificielle dans leurs cours, la grande majorité de manière limitée ou modérée. "Tant que l'université ne se modernise pas, ne faites pas d'études supérieures", conseille Laurent Alexandre. "Travaillez, cultivez-vous, développez l'entrepreunariat et inventez de nouveaux métiers. Aller à la fac, c'est du temps perdu!"
Cette perte de temps se traduirait en plus par un manque de débouchées professionnelles après le diplôme: "Beaucoup de diplômes sont en chocolat", ajoute l'écrivain Olivier Babeau sur RMC. "Après cinq années paresseuses, on pense pouvoir fermer les livres et aller sur le marché du travail."
Le monde de l'intelligence artificielle n'est pas fait pour les grosses feignasses.
"Aller à la fac sans réfléchir au marché du travail, c'est suicidaire"
Alors, désormais, la vie pourrait se jouer tranquillement sur le canapé pendant que les IA réfléchissent à notre place? "C'est tout le contraire", martèlent les deux écrivains. "Le monde de l'intelligence artificielle n'est pas fait pour les grosses feignassses. Il va falloir travailler, et plus longtemps qu'avant."
Une prise de position radicale que nuance tout de même Olivier Babeau: "Bien sûr qu'il faut de la culture générale et la capacité d'être complémentaire aux machines. Simplement, aller aujourd'hui à la fac sans réfléchir au marché du travail, c'est suicidaire."
Selon les chiffres du gouvernement (2023), 70,5% des diplômés français de master occupent un emploi salarié en France à 12 mois, avec un salaire net compris entre 1.750 euros et 2.480 euros.