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Éducation

"On doit être plus vigilants”: inquiétude sur la triche avec intelligence artificielle au baccalauréat

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À l’approche du baccalauréat, l’usage détourné de l’intelligence artificielle inquiète de plus en plus les enseignants. Entre devoirs rédigés par ChatGPT, gadgets connectés dissimulés et contrôle continu sous surveillance, la triche change de visage et complexifie l’évaluation des élèves.

Elles sont bien loin les antisèches de papier roulées dans le capuchon d'un stylo... À un peu moins d'un mois du baccalauréat, certains établissements redoutent la triche avec l’intelligence artificielle. Certains proviseurs confient des doutes sur quelques copies du bac blanc. Un directeur de lycée dans le Rhône se dit "préoccupé": "difficile de prouver que tel ou tel paragraphe a été écrit par une IA, surtout avec des terminales, qui ont du vocabulaire".

Les portables et les montres connectées sont bien bannis, dans des sacs au fond des salles d'examen. “Mais comment faire si un élève a un second portable dans sa poche?”, s’interroge-t-il. “Ou un autre qui attache sa montre connectée au niveau du coude? Ou un autre encore qui vient avec des lunettes connectées?", autant d'exemples qui alertent les enseignants.

La question du contrôle continu

"On doit être plus vigilants, on tourne davantage dans la salle”, confie l'un d'eux. Le ministère rappelle que toutes les académies disposent de détecteurs de portable, répartis aléatoirement dans les établissements.

Mais au-delà des épreuves sur table, il y a le contrôle continu, qui pèse de plus en plus dans le diplôme: "Tricher pendant l'année maintenant, c'est tricher au bac", souligne une enseignante de SVT.

Les indiscrets : De plus en plus d'examinateurs du baccalauréat redoutent la triche grâce à l'IA - 02/06
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"Ce n'est pas une augmentation de l'utilisation de ChatGPT, c’est une explosion, aussi bien en collège qu’en lycée", s'exclame un professeur d'histoire-géographie, qui a déjà lu, dans un devoir de sixième, des extraits de thèse sur les réfugiés climatiques. La correction est devenu un défi pour lui: "Personne n'aime se faire berner!", sourit-il.

Une collègue alerte: beaucoup renoncent à demander des devoirs à la maison. "Mais le temps de classe est limité, dit-elle, et c'est un entraînement en moins". Au tableau, de plus en plus de difficulté à se faire une idée précise du niveau des élèves et un enjeu: qu'ils apprennent à penser par eux-mêmes et à trier l'information.

Marion Gauthier