Notre-Dame de Paris: 843 millions d'euros et une collecte de fonds qui rentre dans l'Histoire

La réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, c’est aussi le fruit d’une levée de fonds parfaitement inédite. Dans la nuit du 15 au 16 avril 2019, alors que la cathédrale brûle encore, les premiers appels sont lancés. Ce chantier, c’est une histoire de gros sous. De très gros sous, même, qui ont commencé à affluer alors qu’on ne savait pas encore si Notre-Dame surmonterait la catastrophe. Au total, il y aura eu plus de 350.000 donateurs pour 843 millions d’euros collectés. Sans doute la plus grande opération de mécénat jamais organisée.
600 des 843 millions apportés par des milliardaires
Et qui dit mécénat, dit donateurs fortunés. Sur les 843 millions, 600 ont été apportés par quatre donateurs. Vers 22h30 ce soir-là, le milliardaire François Pinault prend une décision: il donnera 100 millions d’euros. Le communiqué part dans la nuit. Relance de Bernard Arnault qui promet 200 millions d’euros. Les deux milliardaires français viennent de lancer une formidable course de donateurs: Total Energies donne 100 millions d’euros, le groupe L’Oréal et la famille Bettencourt 200 millions... JC Decaux, BNP Paribas, Bouygues, Axa: c’est tout le CAC 40 qui s’y met rapidement.
Ce que le monde connaît de géants du luxe comme du capitalisme se retrouve au chevet de la cathédrale. Très rapidement, on pose la question de l’intention de ces mécènes. On a pu soupçonner ces riches donateurs de s’offrir un coup de pub, voire de vouloir défiscaliser. On étouffe ce feu rapidement. "Il n’est pas question d’en faire porter la charge aux contribuables français", précise-t-on chez Pinault. Idem chez LVMH et la famille Arnault.
Un bénéfice pour ces contributeurs XXL toutefois. Certains ont pu visiter le chantier. Il faut imaginer ces milliardaires en combinaisons, casques et équipements de sécurité.
300.000 contributeurs à moins de 1.000 euros
Mais cette opération de sauvetage du monument ne se résume pas aux familles Pinault et Arnault. Loin de là. L’argent arrive de partout, des structures de collecte de dons sont mises en place. Du jamais-vu. On a installé des terminaux de paiement dans les gares et stations de métro. 300.000 contributeurs à moins de 1.000 euros. L’immense majorité des donateurs en réalité. Et là, pour le coup, une incitation fiscale. Jusqu’en 2025, et jusqu’à 1.000 euros, les dons sont défiscalisés à hauteur de 75%. Sans compter les dons en nature et le mécénat de compétence. Des PME, des artisans par exemple qui ont mis leur savoir-faire à profit. La Cour des comptes valorise cette aide à 5 millions d’euros.
C’est le monde entier qui a volé au secours de Notre-Dame. Et il faut s’intéresser à la présence de Donald Trump ce week-end. C’est aussi parce que l’on doit beaucoup aux Américains car, en parallèle du CAC 40, Wall Street s’est mobilisée.
70 millions d'euros des USA
Dès le 15 avril 2019, les Américains sont émus, alors que les images de la cathédrale en flammes tournent en boucle à la télé. Au total, 65.000 dons viennent des Etats-Unis: 70 millions de dollars au total. Pourquoi un tel soutien des Américains? Le souvenir de 250 ans d’amitié, une résonnance avec le soutien français du 11 septembre 2001 ou même le 6 juin 1944. Un donateur raconte que son grand-père était parachuté à Sainte-Mère-Eglise.
Et pour finir, c’est assez inattendu: il reste de l’argent! C’est un chantier à 700 millions d’euros qui est inauguré ce week-end. Faites la soustraction, il y a du rab. 140 millions d’excédent. De l’argent qui servira après la réouverture. Il reste des restaurations, et d’ailleurs la collecte n’est même pas finie.