"Quand le jour s'est levé, certains ont renoncé à vivre": un rescapé du naufrage du bateau de migrants au large de Calais raconte la nuit d'horreur

C'est un témoignage aussi rare que glaçant. Celui d'un rescapé du naufrage qui a tué 27 migrants la semaine dernière dans la Manche, au large de Calais. Sur le bateau, ils étaient une trentaine, dont ce jeune homme, kurde, de 21 ans.
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Dans cette interview accordée à la télé kurde Rudaw TV, il se présente comme l'un des deux seuls rescapés. Pendant seize minutes, l'homme se confie, explique son parcours qui l'a mené du Kurdistan jusqu'à Calais, en passant par la Biélorussie. Et il raconte surtout cette nuit après le naufrage de l’embarcation.
Le débit de ses paroles est lent, mais les souvenirs semblent encore frais, précis, dans la mémoire de Mohammed. L'embarcation qui prend l'eau par l'arrière, les personnes à bord qui tentent d'écoper pour la maintenir à flot, la nuit noire, la panique... Ce rescapé s'en souvient parfaitement.
"On est resté dans l'eau toute la nuit, on s'accrochait au bateau. Personne n'a coulé pendant la nuit. Mais quand le jour s'est levé, on n'en pouvait plus et certains ont renoncé à vivre", raconte-t-il.
Des appels aux autorités françaises et britanniques?
Un drame qui aurait pu être évité selon lui, car avant que l'embarcation ne coule, les passagers ont tenté de prévenir les secours.
"On a appelé la police française, on leur a envoyé notre localisation. Ils ont dit ‘vous êtes dans les eaux britanniques, on ne peut pas intervenir’. Donc on a appelé la police britannique. Elle nous a renvoyé vers la police française, sans nous aider. Deux personnes téléphonaient, une aux Français, l'autre aux Britanniques", assure-t-il.
L'enquête ouverte suite à ce naufrage doit permettre, notamment, de vérifier si ces appels ont bien été passés. Mohammed, lui, souhaite toujours aller en Grande-Bretagne.