Comment le gouvernement veut lutter contre l'abandon des animaux de compagnie?
Le gouvernement veut mieux encadrer les achats d’animaux de compagnie sur internet. À l'occasion de la présentation du plan d'action pour lutter contre l'abandon des animaux de compagnie par Julien Denormandie ce lundi une charte va être signée avec Leboncoin, la plus grosse plate-forme française de vente entre particuliers, comme le révélait RMC dimanche. L'objectif est de lutter contre l’achat impulsif d’animaux et faire baisser le nombre des abandons car chaque année, 100.000 animaux de compagnie sont abandonnés en France, un chiffre en augmentation de 26,8% entre 2014 et 2019.
Et parmi les premières mesures, la plus visible apparaîtra dès les premiers clics avec la mise en place d’une catégorie à part, strictement réservée aux animaux. Elle devra être accompagnée de messages de sensibilisation au bien-être animal à destination de l’internaute. Pour Maxence de Jouvencelle, vétérinaire à Toulouse cette charte va dans le bon sens en responsabilisant les acheteurs:
"Le meilleur des leviers c’est vraiment de faire changer les mentalités des acheteurs, rappeler qu’acheter un animal c’est un acte responsable, qu’on ne peut pas acheter un animal en ligne en 3 clics comme si c’était un objet. Et si on arrive rien qu’à faire ça, on aura quand même bien progressé", juge-t-il au micro de RMC.
D’autres mesures concernent les vendeurs, avec par exemple l’obligation désormais d’indiquer certains éléments bien précis sur l’animal comme son âge ou son numéro d’identification, obligatoire pour permettre sa traçabilité. Des mesures insuffisantes car sans réel contrôle des autorités regrette Henri Barbe président de l’association contre le trafic des animaux de compagnie:
"Nous avons choisi d’agir par la pédagogie, par l'explication et l'information"
"Il faudrait un contrôle de la part du ministère de l’Agriculture qui vérifierait tout les documents parce que les particuliers sont totalement incapables de vérifier quoi que ce soit. Ils ignorent tout des mécanismes des trafics, on leur montre des documents qui sont de faux documents, ils sont dans l’incapacité totale de vérifier l’exactitude de ces documents", déplore-t-il.
"L’abandon est un acte maltraitant, inadmissible sur lequel il faut agir. Nous avons choisi d’agir par la pédagogie, par l'explication et l'information", défend sur le plateau de RMC le docteur Jacques Guérin, président de l'Ordre des vétérinaires, mobilisée avec Leboncoin pour mettre en place la charte: "La pédagogie c'est dire à l'acquéreur qu'il va acheter un être sensible et que cela ne peut se faire sur un coup de cœur. Il faut que ce soit un achat raisonné. L'arrivée d'un animal dans une famille se prépare", poursuit-il.
"Cette charte ne fait que rappeler la règlementation elle n'est pas contraignante, les éleveurs peuvent s'y associer ou non. Ce qui nous choque c'est que le ministre s'y associe et cela légitime et officialise la vente en ligne d'animaux alors que cette pratique devrait être interdite", déplore de son côté Christophe Marie, porte-parole de la fondation Brigitte Bardot.
"Il ne faut pas tout mélanger, on est sur un problème différent", défend Jacques Guérin. Combien coûte la santé d'un animal, combien coûte son alimentation, tout cela font qu'on doit être au courant et cette information n'existe pas encore aujourd'hui", plaide-t-il. Mais la nouvelle charte ne permettrait pas la mise en place de nouvelles sanctions: "Les sanctions peuvent paraître dérisoires et le dispositif n'est pas très opérant. On ne risque pas grand chose, ce sont des contraventions de 4ème catégorie, quelques milliers d’euros", concède le praticien.