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Covid: "Les non-vaccinés jouent à la roulette russe" selon le Pr Jean-Louis Teboul

Invité d’"Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story, le Professeur Jean-Louis Teboul (chef de service de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Bicêtre) estime que "les non-vaccinés jouent à la roulette russe". Et annonce que des déprogrammations auront lieu dès la semaine prochaine à Paris.

Ils sont encore 5 millions en France. Et ces non-vaccinés contre le Covid prennent de gros risques. Au lendemain du message très fort du ministre de la Santé Olivier Véran, le Professeur Jean-Louis Teboul (chef de service de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Bicêtre) estime que ces personnes encore réfractaires au vaccin "jouent à la roulette russe" et confirme qu’elles sont les plus nombreuses à devoir être hospitalisées.

"On a essentiellement des non-vaccinés, a-t-il expliqué ce jeudi dans ‘Apolline Matin’ sur RMC et RMC Story. C’est même une écrasante majorité. Il y a des fake news qui circulent. Mais en réanimation, il y a actuellement une énorme majorité de non-vaccinés. Et dans les 20% qu’on dit vaccinés complètement, il y a beaucoup de faux pass. J’en ai actuellement deux dans mon service."

"Actuellement, les non-vaccinés jouent un peu à la roulette russe. On sait pertinemment qu’ils vont être nécessairement contaminés, ce qui n’était pas le cas au début, a souligné le Professeur Jean-Louis Teboul. Ils vont forcément attraper le Covid et ils feront ou pas une forme grave. C’est d’autant plus malheureux qu’il y a un an, on pouvait avoir des doutes sur le vaccin parce qu’on n’avait pas de grandes études d’efficacité, de tolérance. Mais maintenant, il n’y a aucun doute."

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"Les déprogrammations, on va les connaître dès la semaine prochaine"

Face à la croissance exponentielle des cas de Covid, la barre des 200.000 positifs par jour ayant été franchie mercredi, les hôpitaux vont devoir reporter un certain nombre d’opérations. "Nous avons des réunions au cas par cas, pour décider d’un acte chirurgical immédiat ou bien le retarder, explique le Pr Jean-Louis Teboul. Les déprogrammations, on va les connaître dès la semaine prochaine. Dans mon établissement, et à l’AP-HP en général, on va déprogrammer des actes médicaux et chirurgicaux. Si on avait des lits supplémentaires, c’est-à-dire du personnel supplémentaire, ce problème serait beaucoup moins prégnant."

"Il y a le problème de la disponibilité des lits à l’hôpital, poursuit le Pr Jean-Louis Teboul. Elle est limitée par les patients Covid mais aussi par l’incapacité actuellement à faire davantage en raison des difficultés de l’hôpital, qui sont liées à la fermeture de lits, à un défaut de personnel soignant, qui a quitté le navire et n’a pas été remplacé. On est dans un contexte de limitation du nombre de lits, de difficultés à pousser les murs cette fois-ci par rapport aux premières vagues, justement en raison du manque de personnel et de la difficulté à mobiliser de la réserve. Cette réserve est fatiguée, aussi, ou n’existe plus. Et actuellement, l’hospitalisation Covid est homogène en France. Il y a un an et demi, on avait pu faire des transferts. Ça rend les choses très difficiles. En plus, nous avons du personnel contaminé au Covid."

"Le statut vaccinal ne sera pas pris en compte"

Mais selon le chef du service de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Bicêtre, malgré ce contexte difficile, le fait d’être vacciné ou non n’aura pas d’influence sur les décisions médicales. "En toute conscience, nous avons décidé que le statut vaccinal ne sera pas pris en compte pour une décision quelle qu’elle soit, d’admission ou de poursuite d’un traitement maximal par exemple. C’est notre éthique. Certains patients Covid non-vaccinés ne se sont pas fait vacciner parce qu’ils ont vu des fake news, qu’ils ont négligé, qu’ils n’ont pas eu la bonne démarche, mais on ne peut pas les pénaliser pour autant. On veut les protéger. Quand on dit qu’il faut qu’ils soient vaccinés, ce n’est pas pour les stigmatiser, mais pour les protéger."

LP