Fin de vie: dans un contexte incertain, ses partisans veulent relancer la loi

Un projet de loi sur la fin de vie attendu "d'ici la fin de l'été" (photo d'illustration). - PASCAL LACHENAUD / AFP
La loi sur la fin de vie, qui devait légaliser le suicide assisté, avait été stoppée net par la dissolution de l'Assemblée nationale. Sa relance apparaît plus difficile avec un nouveau gouvernement marqué à droite, mais ses soutiens affirment que tout est encore possible.
Il faut engager "la reprise sans délai de la discussion sur le projet de loi fin de vie", avait déclaré samedi, juste après la nomination d'un nouveau gouvernement, l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Fer de lance de la légalisation du suicide assisté et de l'euthanasie, l'association témoigne de la frustration des partisans de ce projet de loi, dont l'examen a été brusquement interrompu en juin par la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron.
"Aide active à mourir"
Ce texte venait d'entamer son examen par les députés après près d'un an de tergiversations du gouvernement sur ce sujet particulièrement délicat au vu des enjeux éthiques et intimes qu'il reflète. Il devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas précis, l'euthanasie, en y apportant d'importantes conditions, tout en se refusant à employer ces termes, préférant parler d'"aide active à mourir".
Avec l'élection début juillet d'une nouvelle Assemblée nationale, la question de l'avenir de ce projet s'est posée. L'examen devrait de toute façon reprendre de zéro. Défenseur de longue date de la légalisation du suicide assisté, le député Olivier Falorni (apparenté Modem), qui présidait les débats parlementaires sur le projet de loi, vient de déposer une proposition qui reprend très largement le contenu du projet interrompu.
Cent-soixante-six députés issus de neuf groupes ont déjà signé son texte dont la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, l'ex-Première ministre Elisabeth Borne ou encore trois présidents de groupes de gauche.
"Mon sentiment, ma connaissance de beaucoup de collègues, font que je suis convaincu qu'il y a clairement une majorité à l'Assemblée nationale", a déclaré M. Falorni à l'AFP, jugeant même la configuration plus favorable avec le renforcement de la gauche. Certains cadres au Palais Bourbon voudraient en tout cas réserver la première semaine, a priori en novembre, au retour du texte sur la fin de vie.
"Terminer le travail" ?
Mais, né d'une alliance entre, au centre, le camp macroniste et, à droite, Les Républicains (LR) dont est issu le Premier ministre Michel Barnier, ce gouvernement compte nombre d'opposants déclarés à ce projet de loi et, plus largement, à l'euthanasie et au suicide assisté.
Au premier rang, on peut notamment compter le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, issus des rangs de la droite conservatrice. Des ministres macronistes comme Astrid Panosyan-Bouvet (Travail) ont aussi exprimé leur opposition, bien que l'évolution de la loi sur le sujet ait longtemps été une promesse d'Emmanuel Macron.
Pour autant, la position du nouveau gouvernement n'est pas monolithique. Interrogée lundi sur l'avenir de cette réforme, la nouvelle ministre des Relations avec le Parlement, Nathalie Delattre, membre du Parti Radical, a dit "espére(r) que c'est un texte qu'on reverra", le jugeant "attendu de beaucoup de Français et aussi de façon aussi transpartisane par beaucoup de parlementaires".
Au milieu du gué, la nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, qui serait susceptible de porter un nouveau texte, n'en apparaît pas comme une défenseure inconditionnelle sans s'y opposer frontalement. Elle avait notamment plaidé, comme députée, pour ne pas considérer l'aide à mourir comme un soin, une revendication de certains soignants, mais un choix qui amoindrirait la portée de la loi, selon les partisans du suicide assisté.
Sa nomination "ne porte aucun espoir nouveau", pour l'ADMD qui lui reconnaît toutefois "un certain intérêt pour le sujet". Sollicitée lundi, Mme Darrieussecq a dit soutenir l'idée que les parlementaires "doivent terminer le travail". Elle a ajouté devoir "en parler avec le Premier ministre" dont elle n'a "pas la position".
Michel Barnier n'a pour l'heure guère donné de signal en la matière. Interrogé dimanche, le Premier ministre a promis de préserver les "droits acquis", tel le mariage homosexuel, mais n'a pas évoqué la fin de vie.