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L'hôpital français en crise : des services d'urgence "dégradés" depuis avril

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Avec les plafonnements des salaires de médecins urgentistes, l'hôpital français est en crise avec la dégradation de plusieurs services d'urgences

Fougères, Dinan, Redon ou encore Les Sables-d’Olonne, autant de villes dont le service d'urgences est dégradé depuis le mois d'avril dernier. En cause, la loi Rist qui prévoit un plafonnement des salaires des médecins intérimaires de l’hôpital public. Pour une garde de 24h, pas plus de 1 390 euros bruts contre un salaire qui pouvait parfois atteindre les 4 000 euros.

RMC a rencontré un couple de médecins urgentistes, Valérie et Maurice. Basés à l'hôpital Robert-Ballanger d'Aulnay Sous Bois, cela fait un mois qu'aucun intérimaire n'est venu y travailler à cause de ces plafonnements de salaires.

Pour le couple, l'absence de médecins urgentistes est aussi très préjudiciable au service en plus d'une politique de l'économie à tout prix. Des économies qui entraînent la fermeture de lits d'hospitalisations et surtout l'entassement de dizaines de patients entassés dans les couloirs.

Une situation qui pèse sur le moral des médecins alors qu'en 2021, près de 7 soignants sur 10 en France était en situation d’épuisement professionnel.

Une loi Rist qui divise

Pour autant, Valérie et Maurice veulent rester optimistes avec plusieurs solutions envisageables pour améliorer la situation. Par exemple, l'augmentation du nombre de généralistes dès les études, laisser la gestion des plannings aux médecins ou encore l'obtention d'une unité spéciale en aval des urgences avec 20 lits disponibles dans les hôpitaux voisins.

Christophe Prudhomme est médecin urgentiste, et porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France (AMUC). Il estime que la crise ne date pas d'hier et que les gouvernements précédents mais aussi le gouvernement actuel, ne les ont pas écoutés tandis que le gouvernement dit vouloir "désengorger les urgences".

Lors de la mise en application de la loi Rist, début avril, le ministère de la Santé lui-même disait s’attendre à quelques semaines difficiles mais le ministre François Braun, assurait qu’il n’y aurait pas de "fermetures sèches". Il n’y en a pas eu pour l’instant.

Invité samedi de la matinale RMC Week-End, Arnaud Robinet, maire de Reims et président de la Fédération hospitalière de France soutient cette loi qui n'est pas responsable de la situation actuelle. Il préfère mettre en cause une "mauvaise organisation du système de santé" et salue une loi qui "évite les dérives".

Par ailleurs, le vice-président du syndicat Samu-Urgences de France, tout comme son organisation, est favorable au plafonnement, jugé nécessaire pour juguler des dérives. Ce n’est pas l’avis du jeune Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH), qui a introduit un recours auprès du Conseil d’État. Celui-ci sera examiné mercredi.

L.K avec Yoko Trigalot