Origine, symptômes, vaccins… qu’est-ce que le Chikungunya, maladie tropicale très invalidante?

Le moustique tigre est l'une des 100 espèces les plus invasives du monde. Il est vecteur de maladies telles que le chikungunya ou la dengue. - James Gathany - CDC - Domaine public
Appelée "maladie de l'homme courbé" pour les intenses douleurs articulaires qu'elle provoque, le chikungunya est une maladie tropicale transmise par les moustiques, potentiellement grave et souvent invalidante.
Une épidémie "généralisée et majeure" touche actuellement La Réunion où plus de 33.000 cas ont été officiellement recensés depuis le début de l'année par Santé publique France. Mais ce bilan est largement sous-évalué selon Gérard Cotellon, directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), qui estime à plus de 100.000 le nombre de Réunionnais infectés. Une campagne de vaccination ciblée ainsi qu'un plan blanc ont été déclenchés, début avril, pour faire face à cette flambée épidémique qui sature le système de santé de l'île.

Première description en Tanzanie
Le chikungunya est une maladie causée par un virus à ARN du genre alphavirus, décrite pour la première fois à l'occasion d'une épidémie en 1952 en Tanzanie. Son nom "chikungunya" signifie "celui qui marche courbé" en makondé, langue bantoue de la région africaine où le virus a été découvert.
Il se transmet par deux moustiques présents dans les zones chaudes, Aedes aegypti et Aedes albopictus (le moustique tigre), également responsables de la diffusion de la dengue et de Zika.
Adapté au moustique tigre
Le chikungunya a été identifié dans plus de 110 pays d'Asie, d'Afrique, d'Europe et des Amériques, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Mais cette maladie est surtout présente et endémique dans les pays tropicaux et subtropicaux. Des épidémies urbaines ont été signalées pour la première fois en Thaïlande en 1967 et en Inde dans les années 1970.
Depuis le début des années 2000, les flambées épidémiques sont devenues plus fréquentes et étendues, notamment à cause d'une adaptation du virus lui permettant de se propager plus facilement par le moustique tigre. Il est apparu en 2013 dans les Antilles puis s'est répandu sur le continent américain, en particulier au Brésil où une importante épidémie est en cours.
Forte fièvre et douleur articulaire
La maladie se manifeste par une fièvre brutale et forte ainsi que par des douleurs articulaires aux bras et aux jambes, souvent très handicapantes. Ces symptômes s'accompagnent souvent de douleurs musculaires, maux de tête, nausées, fatigues, voire d'éruptions cutanées.
Plus rarement, l'infection entraîne des complications neurologiques, musculaires ou cardiovasculaires, en particulier chez les personnes âgées ou immunodéprimées, ou bien chez les nouveau-nés. La guérison intervient le plus souvent au bout de quelques jours.
Mais pour plus d'un tiers des malades, les douleurs articulaires persistent des semaines voire des mois, sous une forme chronique, en particulier chez les personnes âgées.
Rarement mortelle
Cette maladie est rarement mortelle et lorsqu'une personne en décède, c'est généralement qu'elle est âgée et affaiblie par d'autres maladies.
À titre indicatif, au Brésil, où plus de 100.000 cas ont été officiellement recensés entre janvier et mi-avril 2025, la maladie a causé la mort de 57 personnes (chiffres de l'Organisation panaméricaine de la santé, PAHO, branche de l'OMS).
À La Réunion, sur les 33.000 cas répertoriés officiellement au premier trimestre, "six décès, survenus chez des personnes de plus 70 ans, porteuses de comorbidités, ont été classés comme liés au chikungunya", selon Santé publique France.
Pas de traitement mais des vaccins

Il n'existe pas de traitement antiviral curatif contre le chikungunya. Les traitements sont essentiellement symptomatiques: ils consistent à soulager les douleurs et la fièvre. Il existe depuis peu des vaccins. L'un, Ixchiq, développé par le laboratoire franco-autrichien Valneva, a été approuvé en 2024 pour le marché européen.
La Haute autorité de santé (HAS) a recommandé en mars une vaccination ciblée avec Ixchiq à La Réunion pour les personnes les plus à risque de développer une forme grave de la maladie, en particulier pour les plus de 65 ans. Un autre vaccin contre le "chik", Vimkunya, a été développé par le laboratoire danois Bavarian Nordic.