Le nombre d'agressions visant les médecins augmente: "On devrait être à plus de 1.200 cas d'ici à fin 2017"

Un stéthoscope - GABRIEL BOUYS / AFP
Hervé Boissin est le président de l'Observatoire de la sécurité des médecins, rattaché à l'Ordre des médecins.
"Déjà l'année dernière on constatait une augmentation, avec un pic dans le dernier semestre 2016. D'après nos informations, même si tout n'est pas dépouillé, cette année ça remonte encore, avec des agressions un peu plus importantes contre les médecins On doit être à peu près à 1.000 cas, selon les informations de l'Observatoire de la sécurité.
"Une hausse très significative"
Les médecins se font agresser verbalement, et de plus en plus fréquemment, physiquement. Des coups, des blessures… Le dernier exemple en date: des coups de couteau contre un médecin, portés par un père qui était énervé parce qu'il a attendu trop longtemps dans la salle d'attente. Au mois d'août, en Martinique, il y a eu une agression physique avec des coups de couteau. Même les médecins qui font des expertises pour les compagnies d'assurance disent que, eux aussi, se font violemment agresser, surtout verbalement.
Cette hausse, très significative, est due à l'évolution de notre bonne société. Les patients maintenant partent du principe qu'ils ont le droit: le droit à telle chose, le droit à ne pas attendre leur tour… Avant les gens passaient tout autant les après-midi dans les salles d'attente. La société est sur l'immédiateté, le culte du tout, tout de suite. C'est donc plutôt une question d'éducation.
"On va être à plus de 1.200 cas déclarés"
Avec l'hiver et le nombre de consultations, ça va augmenter. D'ici la fin de l'année, je pense qu'on va être à plus de 1.200 cas. Sans compter les personnes ne déclarent pas. Il y a des médecins qui commencent à être choqués et sont pour certains sont déjà en burn-out.
La profession qui se féminise, et les femmes sont moins aptes à se défendre. On n'a toutefois pas de statistiques par rapport au sexe. Mais on a une meilleure connaissance du phénomène, parce qu'il y a des déclarations simplifiées pour informer l'Ordre, par voie électronique, avant c'était par courrier. On a plus de remontées et plus de statistiques, ce qui peut aider à ce que plus de cas soient déclarés.
"Quel que soit le quartier, c'est pareil"
Que ce soit en milieu rural ou en ville, quel que soit le quartier, c'est pareil. La semaine dernière, au cours d'une expertise judiciaire à Paris, dans le 16e, j'ai été violemment pris à partie par une personne, un agresseur dont j'examinais la victime et à qui j'ai demandé de rester dans la salle d'attente. J'étais à la limite d'appeler la police.
Le 8 novembre avec le cabinet du ministère de l'Intérieur, nous allons faire valider des systèmes de sécurité pour les médecins. A partir de son smartphone, un médecin appuie sur un petit déclencheur, situé dans la poche, sur le bureau, dans la boucle d'oreille, ça déclenche le téléphone sans allumer l'écran et sans alerter l'agresseur. Cela filme la scène et enregistre les conversations. C'est analysé par un centre qui avertira les secours si nécessaire."