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Le taux de suicide des médecins est à peu près le même que celui des agriculteurs

Déserts médicaux en forte hause, nombre de médecins qui chute, conditions de travail qui se dégradent: la médecine traverse depuis 10 ans une crise majeure. Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France a tiré la sonnette d’alarme dans Bourdin Direct, ce vendredi.

Alors que le nombre de médecins ne cesse de diminuer depuis 10 ans (-8,6% depuis 2007 selon un constat du Conseil national de l'ordre des médecins) et que la recrudescence des déserts médicaux peine à être endiguer, Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France, est venu alerter sur les conditions d’une médecine qui souffre.

Jean-Paul Hamon pointe du doigt les mairies qui, faute de mauvais choix, participent à cette augmentation des déserts médicaux. "Beaucoup de mairies font des erreurs en construisant des maisons sans savoir si elles vont être capables d’en attirer. Il faut se plaindre de ces mairies qui dépensent l’argent des impôts en construisant des maisons pharaoniques mais celles-ci restent vides car elles n’arrivent pas à attirer des médecins.", décrit-il.

"Il faut une vraie couverture sociale pour les médecins, similaire à celle des salariés"

Pour autant, le président de la Fédération des médecins de France affirme qu’il faut s’appuyer sur les médecins les plus âgés pour remédier à ce problème. "Il faut prendre l’exemple de la Creuse, une zone particulièrement désertique en population et mal desservie, où des médecins font de la médecine ‘à l’ancienne’ certes, mais avec une sécurisation du patient. Ces gens-là méritent d’être encouragés de rester car il y a des médecins intéressés par une activité en zone rurale. Il y a environ 11.000 médecins retraités encore actifs qui continuent de travailler, faisons-en sorte que les vieux restent avant d’inciter les jeunes à venir."

Mais selon Jean-Paul Hamon, le principal problème réside dans les conditions de travail des médecins. Parfois mal payés, ils sont également la cible de la Sécurité sociale. "Actuellement, on décourage ces médecins de travailler. La Sécurité sociale ose poursuivre des médecins qui prennent 27 euros de la consultation dans Paris alors qu’ils ont des revenus très faible. On la pousse au bord du suicide. Les conditions des médecins sont parfois précaires, et le taux de suicide des médecins est à peu près le même que celui des agriculteurs. Il faut une vraie couverture sociale pour les médecins, similaire à celle des salariés.", alerte-t-il.

Bourdin Direct (avec T. Masson)