Loto, grattage, paris sportifs: qui sont ces 2 millions de Français aux comportements "problématiques"?
Loterie, paris hippiques et sportifs ou encore poker: moins de Français ont joué aux jeux d'argent et de hasard en 2019 par rapport à cinq ans auparavant, mais ont des pratiques plus intensives, "des évolutions qui peuvent paraître préoccupantes" selon une vaste étude publiée mardi.
Jouer est l'un des loisirs préférés des Français, qui consacrent environ 10% de leur budget loisirs aux jeux d'argent et de hasard, soit une dépense d'environ 200 euros par an par habitant majeur, en hausse de 12,5% sur les cinq dernières années. Pour une dépense nette de 10,4 milliards d'euros (différence entre le montant des mises et celui des gains reversés) en 2017, la dernière année disponible.
L'an passé, ils ont cependant un peu moins joué qu'en 2014: 47,2% des Français l'ont fait au moins une fois durant l'année écoulée, contre 56,2% il y a cinq ans, selon la première enquête du genre depuis cinq ans, menée par Santé publique France, l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) et l'Observatoire des jeux (ODJ). 10.352 Français âgés de 18 à 75 ans, dont 4.544 joueurs, ont été interrogés de janvier à juin 2019.
Le profil moyen des joueurs, pour la plupart occasionnels (44% jouent moins d'une fois par mois), a en revanche peu changé: ils sont toujours plutôt des hommes de 25 à 54 ans, professionnellement actifs, appartenant aux professions intermédiaires, d'un niveau d'éducation un peu moins élevé que celui des non-joueurs, mais avec un niveau de revenu supérieur. Le volume des mises des paris sportifs a lui été "multiplié par 2,8 en cinq ans avec une croissance plus marquée encore pour les mises sur internet (multipliées par 4,6)", selon l'étude, alors que l'ouverture du jeu en ligne remonte à 2010.
6% des joueurs représentent 38% du chiffre d’affaire du secteur
Parmi les différents types de jeux, les paris sportifs, dont l'offre et l'exposition publicitaire ont beaucoup augmenté ces dernières années, représentent le risque le plus important: ils sont pratiqués par seulement un peu plus d'un joueur sur dix mais "un cinquième à un quart du jeu problématique peut leur être attribué". Ils sont ainsi 1,34 millions de français à avoir une pratique dite “problématique”. Concrètement, ils représentent à peine 6% des joueurs mais ils génèrent à eux seul plus de 38% du chiffre d’affaire du secteur.
Il y a deux catégories. La première: un million d’entre eux sont à "risque modérés", ils dépensent au dessus de leur moyen et ne sont plus dans une démarche ludique.
La deuxième catégorie englobe 340.000 joueurs: eux ont totalement perdu le contrôle, selon l'étude. Ils sont "addicts", dans le déni et ont besoin d’être soigné. Fait alarmant, la proportion de ces joueurs excessifs a doublé en cinq ans, passant de 0,8 à 1,6% des joueurs.
Une réglementation sur la publicité ?
Dans ces pratiques, les paris sportifs sont surreprésentés. Un quart des joueurs problématiques mise sur des sports comme le football ou encore les courses hippiques.
L’association "SOS joueur" explique que les parieurs sportifs misent sans s’inquiéter de leurs pertes, persuadés que leur prétendue expertise, leur permettra de se refaire.
L’association demande de réglementer les publicités sur les paris sportifs, au même titre que l’alcool et le tabac, voire de les interdire.