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"N’importe qui peut avoir un arrêt de travail": les arrêts-maladies par téléconsultation bientôt limités à trois jours

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Le gouvernement veut en finir avec les arrêts-maladies de complaisance, notamment en empêchant les arrêts de travail de plus de trois jours délivrés après une consultation par visioconférence. Mais cela impacterait directement les patients sans médecin traitant.

C'est une des mesures du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2024. Le gouvernement veut interdire les arrêts de travail de plus de trois jours délivrés par téléconsultation par un autre médecin que son médecin traitant. Ces arrêts, délivrés après un entretien en visioconférence, sont dans le viseur de l'Assurance Maladie, qui constate trop d'abus et qui souhaite en finir avec les arrêts "de complaisance".

110.000 arrêts de travail ont été délivrés par téléconsultation en 2021. Problème, la téléconsultation est souvent l'unique recours pour les personnes aux pathologies chroniques ou sans médecin traitant. Depuis un an Marie, infirmière, est arrêtée pour dépression.

“Tous mes rendez-vous, tous mes renouvellements d’arrêts-maladies ont été faits par visio par cette psychiatre et on a gardé ce rythme de 15 jours pendant huit mois”, indique-t-elle.

À l'époque où débute sa dépression, impossible pour Marie d'avoir un rendez-vous dans un cabinet médical. “Moi, dans ma situation qui était franchement assez urgente, je n'avais pas envie d’attendre trois semaines ou un mois”, confie-t-elle. Alors, Marie fait le choix de la téléconsultation. “Je pouvais avoir un rendez-vous dans la journée ou le lendemain”, assure-t-elle.

Une pratique qui favorise les abus?

Plus facile d'accès, plus rapide aussi, et une vraie consultation avec un spécialiste, décrit-elle. “Ce n’est pas juste ça dure cinq minutes et je vous donne votre arrêt-maladie. Ça ne se passe pas comme ça. J’avais des fois des consultations qui pouvaient durer 30 minutes”, appuie-t-elle.

Pour les cas comme Marie, Luc Duquesnel, médecin généraliste, reconnaît qu'il faut assouplir le texte. Même chose pour les personnes qui n'ont pas de médecin traitant. Pour autant, le président du syndicat des généralistes CSMF l'affirme, il faut limiter les abus liés à la téléconsultation.

“C’est vrai qu’aujourd’hui, n’importe qui qui veut un arrêt de travail, il va sur une des plateformes et il a un arrêt de travail. Vous voulez un antibiotique, vous avez un antibiotique”, dénonce-t-il.

80% des arrêts délivrés par téléconsultations le sont par un autre médecin que le médecin traitant.

Romain Poisot et Anna Jaujard avec Guillaume Descours