Arrêts maladie: comment expliquer les absences au travail record en 2022

L’absentéisme dans les entreprises explose en France depuis la crise sanitaire. Jamais les Français ne se sont autant fait porter pâle qu’en 2022. C'est ce que montre le quinzième baromètre de l’absentéisme et de l’engagement, réalisé par Ayming et AG2R La Mondiale.
Le pourcentage de salariés absents au moins une fois dans l’année pour maladie, accident de travail, accident de trajet ou maladie professionnelle est passé de 35% en 2019 à 47% en 2022. Un salarié absent l’a été 24,5 jours en moyenne. L’absentéisme représente près de 7 ETP (une unité de mesure de la charge de travail et capacité d'un employé) absents toute l’année pour une entreprise de 100 salariés. C'est comme si 7 personnes étaient absentes chaque jour en quelque sorte.
Comment s’explique cette forte hausse de l’absentéisme?
Ce sont surtout les absences de 4 à 7 jours qui ont explosé, essentiellement à cause des arrêts liés à la Covid-19 et au variant Omicron. Mais ça n’explique pas tout. Parmi les facteurs qui nuisent à leur santé, 2 salariés sur 3 citent le stress en premier, bien davantage que la pénibilité physique.
D’ailleurs, ce sont l’industrie, le BTP et le transport qui affichent des taux d’absentéisme parmi les plus faibles, alors qu’ils sont aussi les secteurs dans lesquels il y a le plus d’accidents.
Il y a aussi le nouveau rapport au travail, qui n’est plus une priorité, le manque de main d’œuvre, qui éloigne la crainte du chômage et le vieillissement de la population au travail. En 20 ans, la part des travailleurs de plus de 50 ans a quasiment doublé. Donc forcément ces derniers sont plus fragiles.
Y a-t-il de plus en plus d’abus? C’est probable, mais c’est difficile à chiffrer: selon le ministère de la Santé, avant Covid, 15% des arrêts-maladie étaient considérés comme bidons, sachant qu’à l’époque, déjà, 23% des Français estimaient qu’il n’y avait rien de grave à se faire porter pâle alors qu'on est frais comme un gardon.
Depuis 2019, avec la montée du télétravail, des téléconsultations, ce chiffre n’a sans doute fait qu’augmenter, et il explique en partie la hausse de 8% des arrêts-maladies sur la seule année 2022: 2 à 3 milliards sur 16 milliards au total.