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Netflix, grand perdant de la fin de la crise sanitaire?

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"Expliquez-nous" - La plateforme de streaming a vu le nombre de nouveaux abonnés ralentir au premier trimestre 2021.

C’est la gueule de bois pour Netflix. Après une année 2020 record, l’année 2021 commence très mal. En cause, de mauvaises prévisions. La plateforme prévoyait une hausse de six millions de nouveaux abonnés dans le monde au premier trimestre 2021, et c’est raté. 

Il manque deux millions d’abonnés à l’appel. Et ce genre de mauvaise prévision, ça ne pardonne pas. Il faut d’ailleurs remonter à 2013 pour retrouver des chiffres aussi médiocres pour Netflix.

Alors pourquoi le nombre d’abonnements Netflix a ralenti aussi brutalement?

Netflix est peut-être le premier perdant de la fin de la crise sanitaire. Netflix chute en bourse parce que certains pays déconfinent et que, dans ces pays, on retourne au cinéma, au restaurant, en terrasse, on voyage de nouveau, on passe des soirées entre amis, on fait du shopping, des balades sur la plage. Bref, c’est la fin des soirées canapés devant Netflix. Et puis aussi, l’année 2020 a été un tel accélérateur d’abonnement, à cause de la crise sanitaire et des confinements évidemment. En deux ans, Netflix a quasiment doublé son nombre d'abonnés.

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Alors forcément, tous les gens qui pensaient s’abonner à Netflix ont déjà sauté le pas. D’ailleurs, Netflix ne prévoit qu’un million de nouveaux abonnés au deuxième trimestre de cette année. Une prévision prudente.

Cependant, nul besoin de vous inquiéter pour Netflix. Oui, l’action a chuté de 10 % ces derniers jours, mais elle avait augmenté de 65 % cette dernière année. C’était exceptionnel. Netflix compte aujourd’hui 208 millions d'abonnés payants dans le monde.

Le ralentissement de Netflix s’explique aussi par un manque de nouvelles productions sur la plateforme. “Il n’y avait rien de nouveau à regarder sur Netflix ce trimestre”. Ca c’est un spécialiste des médias qui le dit. Il y a eu moins de tournage, moins de production en 2020 à cause du Covid, et c’est donc en ce moment, qu’on en voit les effets sur Netflix.

Les tournages ont aujourd’hui repris, exceptés au Brésil et en Inde, mais on n’en verra les effets qu’à la fin de l’année 2021 dans les offres de la plateforme. Heureusement, la série Lupin avec Omar Sy marche très bien. C’est la plus populaire des nouvelles offres de ce trimestre. Et ce sera le plus gros succès non-anglophone de la plateforme. Une deuxième saison sera d’ailleurs disponible cet été.

Le marché du streaming commence-t-il à saturer?

C’est le cas aux Etats-Unis, où le nombre d’abonnés n’augmente plus. Les nouveaux abonnés Netflix viennent d’abord d’Europe et d’Asie aujourd’hui. Mais Netflix espère encore progresser, parce que, même si quasiment tous les Américains ont déjà Netflix chez eux, la plateforme ne représente que 10% du temps passé devant la télévision. Netflix espère donc grignoter sur les chaînes de télévision classiques, sur les jeux vidéos et sur les réseaux sociaux.

Et puis il y aussi les plateformes concurrentes qui se développent comme Disney +, HBO Max ou Amazon Prime . Disney + a dépassé les 85 millions d'abonnés en un an. Ce sont des chiffres exceptionnels. Mais ça n’a pas l’air d’inquiéter Netflix pour le moment.

Pas de quoi s’inquiéter pour Netflix donc. On s’inquiète un peu plus pour les salles de cinéma en revanche. Dernière mauvaise nouvelle pour les salles. Le film “Comment je suis devenu super héros” de Douglas Attal, avec Benoît Poelvoorde, va finalement sortir sur Netflix, et pas en salle. Netflix est prêt à mettre beaucoup sur la table pour nourrir sa plateforme donc il cherche des films. Ce film la devait sortir l’été dernier, ça fait donc des mois qu’il attend dans les cartons. Il sortira finalement le 9 juillet 2021 sur Netflix uniquement

Autre possibilité pour retrouver sa bonne santé, Netflix pourrait augmenter ses prix. En effet, en 2020, Netflix a augmenté légèrement ses prix au Canada, de 14 à 15 dollars par mois pour l'option "standard". Aux Etats-Unis, les essais gratuits ont disparu.

Et puis Netflix a une autre marge de manœuvre, ce serait d'empêcher les partages de codes Netflix. On estime qu’aujourd’hui en France, il y a 8 millions de foyers abonnés à Netflix, mais qu’il y en a en fait 19 millions qui surfent sur la plateforme.

Bérengère Bocquillon