"On a juste envie de rentrer chez soi": inquiétude des patients sur le transport sanitaire partagé

Pour rejoindre ou repartir de l'hôpital en ambulance ou en taxi, les patients désormais appelés à partager leur transport pourraient voir leur trajet rallongé jusqu'à 30 km, selon un projet de décret qui inquiète des associations mais qui reste, selon le ministère, à finaliser.
"C'est vraiment très dur. On est fatigué, vidé, lessivé... On a juste envie de rentrer chez soi", explique au micro de RMC Virginie, qui souffre d'insuffisance reinale depuis 30 ans et qui est transportée régulièrement pour effectuer ses dyalises.
"Délai d'attente raisonnable"
Sous sa forme actuelle, le projet de décret sur le partage du transport sanitaire, révélé vendredi par franceinfo et dont l'AFP a eu copie, prévoit un détour de 10 kilomètres possible par passager transporté, dans la limite d’un détour total de 30 km par trajet. Quant à l'attente pour le départ du véhicule sanitaire, le texte évoque un "délai (...) raisonnable".
Pourtant, le covoiturage de patients existe depuis une trentaine d'années. Yann Kerleau est administrateur à la Fédération Nationale des Ambulanciers. S'il n'est pas contre cette mesure, il estime qu'il faudra repenser toute l'organisation pour la généraliser. "Il faudra qu'elle soit organisée au sein des établissements pour recevoir les patients en simultané, fait-il savoir.
Transport individuel prescrit par un médecin
Le transport individuel, lui, sera toujours possible s'il est prescrit pas un médecin. Dans le cas contraire, il faudra avancer les frais. "Ceux qui ont des maladies chroniques sont les plus vulnérables au niveau social et n'ont pas forcément la capacité de payer", déplore Catherine Simonin de France Asso Santé.
Selon le décret, une pénalité serait mise en place à partir de 2025 sans que le montant de celle-ci ne soit pour l'instant évoquée.
Depuis fin mars, la franchise (somme restant à la charge du patient, non remboursée par la Sécurité sociale ou la complémentaire santé) sur les transports sanitaires a par ailleurs été doublée, à 4 euros.