"On ne peut pas les remettre en stock": dans les hôpitaux, 700.000€ de médicaments jetés chaque semaine

Une enquête inédite, parue mercredi soir et publiée par C2DS, un réseau d’établissements de santé, révèle un énorme gaspillage de médicaments dans les hôpitaux et cliniques en France. Dans les établissements étudiés, plus de 2 tonnes de médicaments sont jetées chaque semaine, soit 700.000 euros d’argent perdu.
Et ces chiffres ne concernent que 210 structures interrogées, la réalité est donc bien plus importante, car il existe 3000 établissements de santé en France. Si certains médicaments sont pour un tiers périmés ou pour un sixième impropres à l'usage, un cinquième d'entre eux seraient encore utilisables, mais finissent tout de même à la poubelle. Un gaspillage onéreux qui agace les pharmaciens hospitaliers.
Au sous-sol de l’hôpital du Groupe Hospitalier Intercommunal Le Raincy Montfermeil en Seine-Saint-Denis, la poubelle contient principalement des médicaments périmés. Le docteur El Kouari est pharmacienne-hospitalière et cheffe de service.
“On est sur une quinzaine de jours de médicaments non-utilisés et on est à peu près sur 5-6 kilos de déchets”, estime-t-il.
Soit 900 euros jetés chaque semaine dans cet hôpital. La première raison à cette situation, c’est que trop de médicaments sont commandés et finissent par périmer. “Concrètement, il faut du personnel pour ajuster les stocks et les besoins des dotations de façon continue dans les services. Si on avait ces ressources-là, je pense sérieusement qu’on pourrait faire mieux”, appuie-t-elle.
Le conditionnement unitaire comme solution?
Deuxième raison, le manque de doses individuelles. Le docteur El Kouari donne un exemple. “Ici vous avez un médicament pour lequel je suis obligé de donner la plaquette en entier et que l’infirmière prélève un comprimé ou deux, si elle n’en a plus besoin, je dois jeter le reste de la plaquette parce qu'à partir du moment où je n’ai pas la traçabilité du numéro de lot et la date de péremption je ne peux plus utiliser cette plaquette”, indique-t-elle.
L’une des solutions trouvée par l’hôpital, c’est de créer des sachets de médicaments individuels et étiquetés avec toutes les informations nécessaires. L’idéal serait que les laboratoires livrent davantage de doses à l’unité. Une demande portée ce jeudi matin sur RMC par Véronique Molières, directrice du C2DS.
“On pourrait réduire un quart des médicaments qui sont éliminés puisque la cause, c’est qu'on ne peut pas les remettre en stock. Il y a certains établissements, quand ils ont du temps, qui découpent chacun des comprimés et les reconditionnent.
"La demande de la profession, c’est: 'chers industriels aidez-nous et préparez des conditionnements unitaires'”, appelle-t-elle.
Selon l’étude, les médicaments jetés dont le coût à l'achat est faible comme les hypnotiques, anxiolytiques ou antidépresseurs, sont très majoritaires en volume.