"Certains valent 10.000€ la boîte": bientôt des médicaments recyclés pour lutter contre le gaspillage?

L'idée divise. Dans une perspective d'économies et d'un budget 2026 clivant, Catherine Vautrin, la ministre de la Santé, a annoncé fin juillet plusieurs propositions pour freiner les dépenses. Parmi elles, une idée pas si neuve: réutiliser et remettre sur le marché des médicaments non consommés après des examens.
Sans que l'idée ne soit pour le moment plus détaillée, les officines n'ont pas l'air des plus ravies et imaginent avec difficulté comment une telle mesure pourrait être effective, sans de problématiques de santé publique. Sans compter une nouvelle mise en boîte avec des notices, avant une nouvelle distribution.
Un casse-tête avant l'heure pour le grand public, annonce Philippe Besset, président de la Fédération des pharmaciens d'officine.
"Un comprimé d'antibiotiques vaut 20 centimes d'euros. Le prix de la manutention, du contrôle et pour les remettre à disposition ne vaut pas le coût", estime-t-il au micro de RMC.
Le recyclage "une bonne idée" si....
En proposant cette nouvelle piste, Catherine Vautrin vise à réduire le gaspillage de médicaments de 1,5 milliard d'euros par an. Dans cette optique, le reconditionnement peut être intéressant sur le plan économique, si le médicament dépasse les 10 euros à l'unité.
"Certains valent très cher et valent 10.000 euros la boîte. Pour un patient malheureusement cancéreux, s'il décède, ce serait dommage qu'une boîte qui peut être réutilisée soit détruite. En la donnant à un hôpital, des procédures de contrôles peuvent être faites et le médicament peut être réutilisé", ajoute Philippe Besset.
Actuellement, il est possible de rapporter ses médicaments usagés ou périmés dans n'importe quelle pharmacie, où ils sont ensuite récupérés par la filière de recyclage appelée Cyclamed. Ils sont ensuite incinérés.
Selon une étude menée par BVA et dévoilée par BFMTV, 82% des Français affirment rapporter leurs médicaments non utilisés en pharmacie au moins une fois par an.
Baromètre online BVA, réalisé du 28 février au 14 mars 2025 auprès de 2.361 personnes, représentatives de la population française.
L'idée de réutiliser les médicaments a déjà été appliquée dans les années 1990, lorsque des organisations comme Pharmaciens sans frontières réutilisaient les médicaments périmés, mais encore utilisables, à destination de pays en guerre. Une pratique stoppée par l'OMS, qui a fini par l'interdire.