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"On voit bien une augmentation": comment les détectives privés traquent les arrêts-maladies abusifs

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Bruno Boivin, patron d'une entreprise de détectives privés, explique sur RMC qu'il est de plus en plus sollicité par les employeurs pour traquer les arrêts-maladies d'employés qui en profitent pour avoir un deuxième travail sur le côté.

Il traque les conjoints infidèles, les adolescents qui fuguent mais aussi... les faux malades. Bruno Boivin, détective privé à Paris, directeur de l’agence Codiv-Enquêtes privées, explique dans "Apolline Matin", ce jeudi sur RMC, qu'une part de plus en plus importante de son travail consiste à traquer les arrêts-maladies abusifs. De plus en plus d’employeurs font appel à lui pour pister un salarié soupçonné d'abus.

"Cela a toujours plus ou moins existé, mais c'est l'appel au contrôle qui est devenu un peu plus récurrent maintenant", confie-t-il.

Comment tout cela fonctionne? Un employeur prend contact avec ses équipes. "On n'enquête pas s'il n'y a pas de doutes ou si la personne est censée rester chez elle", nous explique-t-il. "Si la personne reste à la maison toute la journée, on ne peut pas le faire, ce n'est pas un vrai contrôle. On n'est pas médecin, on n'a pas la capacité à analyser ce qui se passe."

Témoin RMC : Bruno Boivin - 05/10
Témoin RMC : Bruno Boivin - 05/10
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Un employé municipal en arrêt en a profité pour ouvrir un restaurant

Le détective privé assure que les contrôles sont principalement centrés sur les gens qui travaillent en parallèle, et qui sont ainsi payés deux fois. Les principaux domaines concernés par cela, selon lui, sont la mécanique auto, la restauration et le bâtiment.

"Dans ces domaines, les gens ont une compétence, et la ressource est difficile à employer donc les gens peuvent être tentés d'être en arrêt-maladie chez leur employeur et de se retrouver à travailler, en général au black, dans une autre, car c'est une ressource urgente qu'on a du mal à trouver", décrit-il, donnant également l'exemple d'un agent municipal soi-disant atteint d'un Covid long et qui en a profité pour ouvrir un restaurant.

"Ça reste rare mais on voit bien une augmentation qui est en train de se faire".

Un rapport officiel remis à l'employeur

Quand la situation est identifiée, "l'objectif est de prendre la personne en flagrant délit", explique Bruno Boivin. "On la suit, on fait la filoche de manière à pouvoir conceptualiser l'acte de travail, le formaliser et l'officialiser".

Ses équipes vont donc réaliser un rapport considéré comme officiel grâce à l'agrément d'Etat que les entreprises de détectives privés ont, et qui est ensuite remis à l'employeur. Libre ensuite à lui de l'utiliser, soit pour "remettre son salarié au travail", comme l'explique Bruno Boivin, soit pour lancer une procédure disciplinaire et contacter la sécurité sociale pour qu'il rembourse l'organisme qui paye ses indemnités journalières. Un contrôle d’arrêt-maladie qui coûterait entre 2.000 à 3.000 euros par personne contrôlée.

J.A.