Pizzas Buitoni: "Ça m'étonne qu'il n'y ait pas eu d'accident avant", les révélations d’un ex-salarié

Les autorités sanitaires ont confirmé mercredi le lien entre des pizzas Buitoni et l'intoxication alimentaire grave de dizaines d'enfants, contaminés par la bactérie E.Coli. C'est dans l'usine de Caudry, dans le Nord, que sont produites les pizzas incriminées, celles de la gamme Fraich'Up de Buitoni.
Des contaminations qui choquent mais ne surprennent pas un ancien salarié, parti il y a à peu près un an, après 18 mois au sein de l'usine de Caudry, et qui témoigne sur RMC de conditions d'hygiène catastrophiques.
"Il y avait des vers de farine"
"Quand on voit des champignons au mur, on sait que ça ne va pas", assure-t-il. "La peinture des barres en métal s'écaillait. Il y avait des bouts de nourriture qui restaient à certains endroits pendant plusieurs jours, plusieurs semaines", ajoute-t-il.
"Dans des bacs de rattrapage de sauce, on pouvait retrouver des mégots de cigarettes. Là où la farine est envoyée sur les tapis, pour que la pâte ne colle pas, il y avait des vers de farine. La plupart des gens ne se lavaient pas les mains, même en revenant des toilettes.Il y avait une contamination croisée qui était claire, ça m'étonne même qu'il n'y ait pas eu d'accident avant", décrit l'ancien employé.



La direction alertée
Sur des photos et des vidéos confiées à RMC par ce salarié, on peut effectivement voir de la nourriture au sol, des vers de farine sur les lignes de production, de l'huile moteur qui coule sur les lignes, ou encore des morceaux de plastique dans un bac de levure.
Des conditions d'hygiène mais aussi du gaspillage alimentaire qui avaient poussé ce salarié à alerter la direction : "Pendant 18 mois, j'en ai parlé et on me disait souvent que 'oui', j'avais raison et que justement, ils étaient en train de voir ça et que ça allait changer, mais dans le fond rien n'avançait".
"On pense que c'est aseptisé, que tout est réglementé. C'est censé être parfait mais ce n'est pas la réalité, on nous cache beaucoup de choses. Je pensais que ça allait être réglé mais il n'y a eu aucun changement", ajoute cet ancien salarié, qui avait également tenté d'alerter sur la situation via un média indépendant, "Mr Mondialisation".

Nestlé assure continuer ses investigations
Le groupe Nestlé à qui appartient la marque Buitoni et qui vend une pizza toutes les 2 secondes en France, affirme ne pas savoir d'où vient la bactérie et promet que l'usine ne redémarrera pas tant que les causes de la contamination n’auront pas été identifiées. Depuis le 18 mars, Nestlé a fermé les deux lignes de production de son usine de Caudry. La répression des fraudes continue elle aussi ses investigations pour comprendre l'origine de la contamination.
En France, mettre sur le marché un produit non-conforme susceptible d'être dangereux pour la santé, peut être pénalement sanctionné, de 7 ans d'emprisonnement et d'amendes allant jusqu'à 10% du chiffre d'affaires. Dans les cas les plus graves, il peut aussi y avoir des sanctions au titre de la mise en danger de la vie d'autrui ou encore de l'homicide involontaire.


