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Polluants éternels: la Métropole de Lyon va lancer une vaste étude sur les habitants de la région

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À Lyon, dans la vallée de la chimie contaminée aux “polluants éternels”, des associations et des riverains ont obtenu gain de cause. Afin de savoir à quel niveau les polluants éternels ont pu contaminer les habitants des secteurs touchés, la Métropole de Lyon procédera à des analyses de sang de citoyens volontaires d’ici début 2024.

Les polluants éternels, aussi appelés les PFAS (l’acronyme relatif aux substances per- et polyfluoroalkylées), sont invisibles à l'œil nu. Pourtant, ils sont partout autour de nous. Dans l’air, dans l’eau, dans les sols. En France, à l’étranger… Bref, partout. Ces composés chimiques, utilisés depuis les années 50 pour leurs propriétés résistantes, ne se dégradent pas dans l’environnement.

Pour ce qui est de nos organismes, on en sait que très peu sur cette pollution, mais des effets secondaires ont déjà été identifiés: problèmes de cholestérol et de foie, affaiblissement du système immunitaire des enfants… Mais aussi augmentation du risque de cancer.

Déjà évoquée sur RMC fin février, l’inquiétude des habitants de la vallée de la chimie, à Lyon, fait de nouveau parler un mois plus tard. Depuis le reportage de RMC s’engage pour vous sur place, dans lequel des associations et des riverains réclamaient à l’Etat des analyses de sang pour savoir à quel point les habitants sont contaminés, la Métropole de Lyon a pris les choses en main.

En effet, ce n’est pas l’Etat mais plutôt la Métropole lyonnaise qui va lancer et financer cette étude. Anne Grosperrin, vice-présidente déléguée de l’agglomération, estime qu’il était clair "que les services de l’Etat n’avaient pas les moyens d’engager un travail de ce type”.

“Il y avait une vraie volonté de la Métropole d’apporter des réponses aux communes et aux citoyens qui sont concernés, en transparence", assure Anne Grosperrin, vice-présidente déléguée au cycle de l’eau de la Métropole de Lyon.

La Métropole veut faire payer les entreprises polluantes

Afin d’assurer la réalisation de cette analyse de grande ampleur, la Métropole de Lyon va devoir débourser 60.000€ par an, soit 240.000€ au total pour les quatre années de l’étude. Ce travail de fond sera réalisé par l’Institut spécialisé de Fos-sur-Mer.

D’ailleurs, ce dernier devrait contribuer massivement au financement car, au total, toutes ces analyses vont coûter 1 million d’euros. Et l’agglomération a bien l’intention d’aller chercher l’argent directement chez les entreprises à l’origine de cette pollution.

“Je souhaite et je défendrai le fait qu’il y ait une application du principe pollueur-payeur, et on l’a déjà partagé avec l’Etat", revendique la vice-présidente de la Métropole de Lyon.

Anne Grosperrin explique qu’elle espère profondément que les sociétés pollueuses “vont financer, puisque ni les collectivités, ni les usagers, ni les contribuables n’ont à payer pour des pollutions qui sont générées par ces entreprises”. Pour rappel, le principe du pollueur-payeur est inscrit dans le Code de l’environnement.

Avant de lancer la phase d’analyse, prévue pour le début de l’année 2024, il va d’abord falloir définir les contours généraux de l’étude. Il faudra notamment désigner les communes concernées par la pollution aux PFAS, établir une recherche et un nombre de citoyens volontaires, ou encore fixer des dates pour savoir à quel rythme seront réalisées les prises de sang.

Tout cela sera décidé dans les mois à venir. En attendant, cette étude sera votée en conseil métropolitain lundi 27 mars et pourrait faire office de référence, bien au-delà de la seule région de Lyon.

Elise Denjean, avec Alexis Lalemant