Projet de loi sur l'aide à mourir: la communauté catholique semble divisée après les annonces

Catholiques et musulmans ont vivement réagi aux annonces d'Emmanuel Macron sur la fin de vie. Dans un entretien publié par La Croix lundi, Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, s'indigne du projet de loi sur l'aide à mourir, présenté la veille par le président de la République.
Selon lui, il mènerait "tout notre système de santé vers la mort comme solution". Il estime également qu’"appeler la loi de fraternité un texte qui ouvre à la fois le suicide assisté et l’euthanasie est une tromperie".
Une prise de position affirmée qui est plus nuancée au sein de la communauté religieuse. Accompagner les personnes en fin de vie, c’est un devoir de fraternité pour Marie-Ange, 66 ans, catholique pratiquante.
“L’homme, quand on est chrétien, est, c’est vrai, une création de Dieu, qui n’est pas maître ni du début de sa vie, ni sa fin”, appuie-t-elle.
Développer les soins palliatifs comme le veut Emmanuel Macron, c'est une bonne idée pour elle, mais elle refuse toute aide à mourir. “Il se passe beaucoup de choses à la fin d’une vie et c’est peut-être un peu triste de la précipiter”, souligne-t-elle.
Une question qui fait débat
Un avis partagé par Christian. “Ma grand-mère a été dans des soins palliatifs et paradoxalement, les soins palliatifs sont des lieux de vie”, assure-t-il.
Malgré deux grosses opérations, il a perdu sa grand-mère à cause d'un cancer. Elle avait 87 ans. “L’acharnement thérapeutique, est-ce que c’est une bonne chose? On peut se poser la question”, confie-t-il. Le sujet divise au sein du couple. Anne, sa compagne, pense avant tout à la souffrance des malades.
“Aider les gens à mourir quand il n’y a plus aucun espoir, quand on les voit souffrir, pour moi, ce n’est pas aller contre la religion”, assure-t-elle.
D'après un sondage Ifop de juin 2023, un catholique pratiquant sur trois, seulement, se disait favorable à l'autorisation du suicide assisté.