Scandale Buitoni: des rapports prouvent les mensonges de Nestlé sur l’hygiène de l'usine
Nouvelle révélation dans l’affaire Buitoni. Alors que RMC démontrait ce mardi que des pizzas de la gamme Fraich'up potentiellement contaminées étaient encore en rayon dans certains magasins, le média d’investigation Disclose dévoile ce mercredi les rapports d’inspection de l’usine de Caudry, dans le Nord, qui lèvent le voile sur les mensonges de Nestlé, propriétaire de la marque Buitoni.
"Nombreux manquements" aux règles d’hygiène
Quand l’affaire Buitoni éclate au mois de mars dernier, le directeur de communication de Nestlé affirme n’avoir eu aucun souci lors des derniers contrôles d’inspection sanitaire. Les rapports que nos confrères de Disclose se sont procurés, et que RMC a pu consulter, montrent tout le contraire. En septembre 2020 déjà, les services de l’Etat évoquent dans un rapport de 11 pages de "nombreux manquements" aux règles d’hygiène. Un plafond sale et souillé, une gaine d’aération malpropre ou encore des portes de congélateurs couvertes de glace, ce qui pourrait indiquer des défauts d’étanchéité. L'usine écope d'un avertissement.
D’autres rapports de 2010, 2012 et 2014 notent aussi des soucis d’hygiène et même la présence de mites alimentaires sur la ligne de production des pizzas Fraich’up, la gamme qui a rendu gravement malades des dizaines d'enfants et causé la mort de deux d'entre eux. RMC a montré ces rapports à une ingénieure qui a longtemps travaillé dans l'industrie agroalimentaire. Selon elle, ces contrôles auraient dû être suivis de prélèvements bactériologiques de la part de l'Etat, pour chercher la présence de bactéries comme E. coli.
"Tous les éléments sont réunis. On a la présence de rouille, de problèmes d'étanchéité, de saletés... Ils auraient dû pousser les investigations plus loin en faisant des prélèvements sur le matériel, sur les locaux et également sur le personnel. Il aurait fallu pousser les investigations plus loin," explique cette ingénieure.
Selon la répression des fraudes, contactée par RMC, les problèmes constatés en 2020 ne nécessitaient pas la fermeture de l'usine. En mars 2021, un autre contrôle a été effectué. Mais cette fois, la direction de l’usine avait été informée plusieurs jours avant. Il aura fallu attendre le scandale pour qu'elle soit fermée totalement pour manquements graves aux obligations d'hygiène.
Un ex-salarié avait témoigné
Fin mars, un ex-salarié de l'usine de Caudry avait témoigné pour RMC sur les mauvaises conditions d'hygiène. Il avait déjà alerté en interne, en vain. "Dans des bacs de rattrapage de sauce, on pouvait retrouver des mégots de cigarettes. Là où la farine est envoyée sur les tapis, pour que la pâte ne colle pas, il y avait des vers de farine. La plupart des gens ne se lavaient pas les mains, même en revenant des toilettes.Il y avait une contamination croisée qui était claire, ça m'étonne même qu'il n'y ait pas eu d'accident avant", expliquait-il.


"Pendant 18 mois, j'en ai parlé et on me disait souvent que 'oui', j'avais raison et que justement, ils étaient en train de voir ça et que ça allait changer, mais dans le fond rien n'avançait", racontait cet ancien employé au micro de RMC. Des photos et des vidéos montraient les conditions d'hygiène très dégradées dans cette usine.