Subvention annulée pour Servier: Irène Frachon déplore qu'il ait fallu une pression médiatique

Le gouvernement fait finalement machine arrière et n’accordera pas une subvention de 800.000 euros aux Laboratoires Servier dans le cadre de sa politique de relocalisation.
Ce financement visait à accroître les capacités de production de Servier sur son site de Gidy (Loiret), où l'entreprise produisait le Mediator. Le collectif de victimes du Mediator avait adressé un courrier au ministre de l’Economie Bruno Le Maire. La ministre Agnès Pannier-Runacher a répondu samedi au collectif: "Vous nous faites part de votre vive émotion concernant l'octroi de cette subvention au site de Gidy où, historiquement, s'est déroulée la production du Mediator. (…) Compte-tenu de cette émotion que nous entendons, et dans un esprit d'apaisement, je tenais à vous informer que nous avons décidé d'annuler cette subvention".
"Un manque de discernement de la criminalité à col blanc"
Ce lundi matin sur RMC, Irène Frachon, la pneumologue et lanceuse d'alerte dans l'affaire du Mediator, a regretté que la pression médiatique ait été nécessaire pour faire annuler cette subvention.
"Je trouve lamentable que la pression médiatique soit nécessaire pour faire régner simplement la décence de ne pas subventionner un labo criminel et notamment son usine à poison, explique-t-elle. Cela traduit aussi un manque de discernement de la criminalité à col blanc où l'on ne sait plus ce qu'est un délit ou une faute ou une erreur, et c'est inquiétant. Enfin, les instances publiques chargées de surveiller les médicaments essentiels n'ont même pas été consultées dans le processus de sélection".
"Les industriels délinquants, il faudrait peut-être les nationaliser au lieu de leur donner aveuglement de l'argent", a-t-elle aussi estimé.
Deuxième laboratoire français, Servier a été reconnu coupable en mars 2021 de "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires" dans le scandale du Mediator, un médicament tenu pour responsable de centaines de décès. Le parquet de Paris et Servier ont fait appel de cette condamnation.