33 heures de retard sur le vol Bordeaux-Alger: "C'était inhumain"

Un avion de la compagnie Aigle Azur à Bagdad (Irak) le 31 octobre 2010. - AHMAD AL-RUBAYE / AFP
Tout est parti d'une pièce défectueuse. Alors que leur avion devait décoller à 14 heures en direction d'Alger vendredi, les 180 passagers du vol Aigle Azur ZI737, sous-traité par la compagnie grecque Olympus Airways, ont dû prendre leur mal en patience. L'avion n'a finalement décollé que samedi après-midi, soit 33 heures plus tard que prévu.
"On était entassé comme des sardines"
Il était environ 13 heures vendredi quand le calvaire à commencé. Alors que les passagers s'apprêtaient à embarquer, un technicien s'est approché d'une hôtesse pour lui glisser quelques mots à l'oreille. "L'hôtesse a pris le micro pour nous dire qu'il fallait nous rasseoir, parce qu'une pièce défaillante a été détectée sur l'avion", se souvient Rahma El Madani, cinéaste. "On ne savait pas trop quoi penser donc on est resté debout, c'était assez bizarre dès le début".
"Aucun personnel de l'aéroport ne s'est occupé de nous. Ils ne nous ont recontacté que trois heures plus tard, pour nous demander de récupérer nos bagages. Il y avait des enfants qui commençaient à s'impatienter, la compagnie n'a commencé à distribuer des sandwichs et de l'eau qu'à partir de 15 heures. Puis on a encore attendu, et ils nous ont annoncé finalement que l'avion était annulé à 18 heures", se désole-t-elle.
La compagnie a alors affrété un bus aux passagers pour les mener à l'hôtel, en prévenant que l'avion ne décollerait qu'à 7 heures le lendemain.
"On était entassé comme des sardines dans le bus, et en plus le conducteur n'était pas très agréable", s'insurge-t-elle. "Rien n'était adapté à la situation. Une fois à l'hôtel, personne n'est venu nous dire comment les heures suivantes allaient se passer, on nous a juste dit que le bus nous ramènerait à l'aéroport à 4 heures du matin".
"Les gens commençaient à chauffer"
Tout s'est empiré le lendemain. Arrivés à l'aéroport aux alentours de 4h30, les passagers se sont retrouvés seuls au milieu d'un aéroport fantôme.
"On a vu sur le panneau d'affichage que l'avion était finalement prévu pour 9h10. Et personne n''était là pour nous indiquer quoi que ce soit. Je me suis isolée pour déstresser, parce que la pression commençant vraiment à monter", rapporte Rahma El Madani.
Les passagers ont passé les portiques de contrôle vers 7h30 pour rejoindre la salle d'embarquement, pour se retrouver une nouvelle fois seuls, sans même un employé de l'aéroport pour les indiquer.
"Il a commencé à y avoir de l'excitation à ce moment là. Je me suis mise à cogner contre la vitre, parce qu'on nous a enfermés à clé. La sécurité m'a envoyé balader. Un autre homme s'est mis à lui aussi taper fort contre la vitre, et une femme hurlait. La sécurité a fait intervenir la police, qui nous a sermonnés pour s'être trop agités. Les gens commençaient vraiment à chauffer", se remémore-t-elle.
"C'était épuisant"
Un employé de la compagnie grecque s'est ensuite présenté pour annoncer que la pièce défectueuse devrait être changée une heure plus tard. Mais son discours n'a pas rassuré Rahma El Madani.
"Il m'a dit qu'il ne pouvait pas m'assurer que tout allait bien se passer sur le vol", s'étonne-t-elle. "Selon lui, il était possible que la pièce ait entraîné d'autres problèmes. Du coup j'ai préféré partir. Rien n'était normal dans cette gestion. Et c'était épuisant. Ce n'était pas tant l'attente qui était épuisante, mais le fait de ne rien savoir, d'être dans le flou complet. C'était inhumain, les enfants se sont fait réprimander par les douaniers parce qu'ils faisaient trop de bruit, tout le monde a été désagréable avec nous", s'indigne-t-elle.
Rahma El Madani est finalement rentrée sur Paris, et a demandé à obtenir une place dans un autre avion en direction d'Alger au courant du mois d'août.