Le bus, histoire d'un transport public en déclin: “la dégradation est flagrante”

La seule chose qui fonctionne aussi mal que la SNCF, c’est la RATP. Et le pire, ce sont les bus. La dégradation est flagrante, et ça ne concerne pas que Paris. Bref, on ira bientôt plus vite à dos de cheval qu’en prenant un bus.
D’ailleurs, c’est une invention récente, les transports publics. Pendant longtemps, on se déplaçait très peu parce que les routes étaient très mauvaises ou inexistantes. Le premier service pour aller d’une ville à l’autre, ça date du XVe siècle. Ça s’appelait le Service royal de la poste. Le principe était très simple: des voitures acheminent le courrier, et aussi des voyageurs. C’est notre premier service public de transport.
Donc c’était seulement d’une ville à l’autre?
Les transports urbains, ça arrive plus tard. Au XVIIe siècle. Et figurez-vous que c’est une création d’un des plus grands écrivains français, Blaise Pascal. Il lance un service de carrosse public dans Paris, avec cinq lignes. C’est l’ancêtre de nos bus. Ça marchait exactement comme aujourd’hui: les carrosses passaient à horaire fixe, ils s’arrêtaient toujours aux mêmes stations, et comme aujourd’hui, pour payer votre ticket, il fallait faire l’appoint.
Mais ça a moyennement fonctionné, ça va durer une trentaine d’années. C’était assez cher et on n’en avait pas l’utilité. Mais au XIXe siècle, tout change. Les gens quittent les campagnes pour les villes, et notamment Paris. Notre façon de nous déplacer et d’habiter l’espace change aussi. Bref, on a besoin de transports. Et le premier service d’omnibus à cheval est créé à Nantes en 1825. Alors, un omnibus, c’est comme une camionnette, sauf que c’est tiré par des chevaux. Ça va cartonner partout, les entreprises d’omnibus vont se démultiplier. C’est le nouvel eldorado.
En 1913, le dernier omnibus tiré par des chevaux quitte la capitale. Ils sont remplacés par les autobus dit “à plateforme” et à essence. Petit à petit, ils vont s’imposer comme le moyen de transport de référence. Dans les années 1950, les bus supplantent définitivement leur premier concurrent, le tramway. Ça devient le modèle de transport par excellence. Et au début des années 1980, on lance le bus à accordéon pour accueillir un maximum de passagers.
Le déclin des transports en commun, c’est un peu le reflet du reste. C’était mieux avant. Et on s’en rend compte. Mais il y a pire: on répète qu’il faut qu’on arrête de prendre nos voitures parce que ce n'est pas écologique. C’est vrai. Mais dans ce cas, il faut avoir des transports publics à la hauteur. À un moment donné, il faut de la cohérence.