Le contrôle technique des voitures va se durcir: "C'est terminé, je prends le risque de l'amende"

C'était une idée de l'Union européenne: imposer un contrôle technique chaque année pour les véhicules de plus de 10 ans.
Mais pour l’instant, cette mesure ne sera pas mise en place en France, rappelle Autoplus. En mai dernier, la France avait exprimé ses réserves par la voix du ministre des Transports Philippe Tabarot et du ministre chargé de l’Europe, Benjamin Haddad.
"De l'argent facile"
Une telle possibilité ferait pourtant bondir particuliers mais aussi... professionnels! Pierre, concessionnaire automobile, ne mâche pas ses mots ce mercredi sur RMC. "Pas besoin d’être riche ou pauvre pour avoir un véhicule de plus de 10 ans. Le papa qui veut une petite voiture d’appoint, il l’entretient quand même. Je ne vois pas pourquoi on lui prendrait tous les ans de l’argent facile, pour rien du tout", lâche-t-il au micro d'Estelle Midi.
Ce dernier redoute même un effet inverse à celui recherché. "Les gens ne feront plus de contrôle technique. Ils ne sont déjà pas assurés." Jérôme, interpelle de son côté l'Union européenne. "Ce serait bien que les technocrates de Bruxelles viennent vivre un mois en ruralité avec un SMIC dont un cinquième part dans le carburant, avant de prendre ce genre de décisions."
L'UE vivement critiquée
"Ma voiture a 15 ans, je l’entretiens, elle n'est pas plus dangereuse qu’une autre. L’UE utilise l’argument de la sécurité mais derrière, ils vont signer le Mercosur et envoyer de la viande avariée. On pourra crever d’infection parce qu’on a mangé de la merde mais faut rouler propre et nickel ? Je trouve ça lamentable", déplore Mathieu, chauffeur-routier.
Certains décident déjà de s'affranchir du contrôle technique. "Je ne passe pas mon contrôle technique, c’est terminé. Je prends le risque de l’amende", explique fièrement Paul, propriétaire d'une voiture vieille de 25 ans. Pour autant, il assure entretenir sa voiture avec des "professionnels" et avoue ne pas faire confiance aux centres de contrôle technique.
Audrey, secrétaire médicale, témoigne quant à elle du coût exorbitant d’un passage au contrôle: "L’année dernière, j’en ai eu pour 1 500 euros de réparations avant de faire mon contrôle. Elle est passée sur tous les points sauf pour la pollution et j'en avais pour encore 1.000 euros. J’ai trouvé ça aberrant. La pollution, ça ne fait pas partie de la sécurité routière", souligne cette auditrice RMC.
L’effet Takata
Au-delà des projets européens, le contrôle technique français doit déjà évoluer. A partir de janvier 2026, chaque contrôle intégrera une vérification des campagnes de rappel graves, comme celle des airbags Takata. Si la réparation n’a pas été effectuée, le véhicule sera automatiquement placé en contre-visite avec une défaillance critique.
Autre nouveauté : les centres de contrôle eux-mêmes pourront désormais se voir infliger des amendes administratives pouvant atteindre 1 500 euros en cas de manquements à la réglementation.
"Un contrôle technique annuel? Les patrons de centre n'y sont pas favorables!", confie Pierre Chasseray, président de 40 millions d'automobilistes"
Pierre Chasseray, président de l’association 40 millions d’automobilistes, estime que ces évolutions sont nécessaires mais qu'un calendrier annuel n’est pas réaliste : "J’ai appelé certains patrons de centres de contrôle technique, j’ai été stupéfait. Ils m’ont dit que ce n’était pas une demande des centres, qu’ils n’y étaient pas favorables."
Selon lui, il serait plus pertinent d’utiliser le contrôle technique pour vérifier les nouvelles aides à la conduite, à l’origine de certains incidents, comme les freinages intempestifs : "On pourrait se servir du contrôle technique pour cette vérification, car c’est un véritable enjeu de sécurité routière. Le contrôle technique doit se moderniser, évidemment, car les autos se sont modernisées. Tous les ans ? Non. Il faut que ce soit tenable pour que les Français puissent s’y tenir."
Une défiance qui reste massive
Pour beaucoup d’automobilistes, le contrôle technique annuel reste perçu comme une taxe déguisée plutôt qu’une mesure de sécurité : "La plus grande bête qu’ils vont trouver, c’est un essuie-glace", ironise Pierre. "Concentrons-nous sur ceux qui ne passent jamais le contrôle et polluent la vie de tout le monde", ajoute-t-il.