Le secteur automobile français en difficulté: "on vit une période d'hérésie", affirme Pierre Chasseray

Comme RMC le révélait mardi, la production française d'automobiles a baissé de 10% en 2024 par rapport à l'année précédente. 1,36 million de véhicules ont été produits l'année dernière contre 1,50 million en 2023.
Mais ce n'est pas tout. Les ventes de voitures neuves et d'occasions connaissent aussi des difficultés avec -14.5% d’immatriculations neuves en France en un an. On dénombrait 153.842 immatriculations neuves le mois dernier, c'est moins qu'en mars 2022, un mois pourtant paralysé par la guerre en Ukraine et par les pénuries de puces électroniques. C'est même -17% d’immatriculations sur un an pour Stellantis et -36.8% pour Tesla en mars.
Pour le porte-parole de 40 millions d’automobilistes, ces baisses suivent une tendance où les ventes de véhicules neufs s’effondrent.
"Depuis une dizaine d’années, on met en place des mesures dites écolos pour favoriser le renouvellement du parc auto et au final rien ne fonctionne", explique-t-il.
Se tourner vers les voitures électriques
Pourquoi? D'abord à cause de mauvais choix stratégiques mais aussi car on ne s’est pas posé les bonnes questions, détaille Pierre Chasseray. Car inciter les Français à se tourner vers l'électrique paraît être une bonne chose, mais en réalité "ça ne répond pas à leurs besoins". "Il faut entendre ça", martèle-t-il.
De plus, un Français sur deux quasiment n’a pas de place de stationnement privative. Donc la voiture électrique, "c’est un mythe vu qu’il ne peut pas la recharger". Une fausse bonne idée donc. Et pour ceux qui sont dans cette situation, "on leur propose des voitures thermiques qui sont taxées d’un malus écologique donc elles sont encore plus chères".
"Le prix moyen d’un véhicule neuf aujourd’hui est entre 33 et 34.000 euros. Ce n’est pas anodin", s'exclame le porte-parole de 40 millions d’automobilistes.
Face à de tels prix, alors que le prix neuf est passé de 25.000 euros à 35.000 euros quasiment en moins de 10 ans, "on se retrouve avec des véhicules trop chers, qui ont suivi la courbe de prix des voitures électriques". Par conséquent, les véhicules thermiques, "soit on ne les propose plus du tout soit les prix sont gonflés avec les malus écologiques". "Au final, les Français n’ont pas les moyens pour remplacer leur véhicule donc ils gardent leur voiture", poursuit-il.
Période d'hérésie
L'alternative des véhicules d'occasions? "Tous les véhicules d’occasion sont aussi beaucoup plus chers", répond Pierre Chasseray. C'est aussi pourquoi les Français gardent leurs anciennes voitures. "Le parc automobile, en l’espace de 10 ans, est passé de 9 ans et demi de moyenne a bientôt plus de quasiment 13 ans de moyenne". Un parc vieillissant, qui n'arrive pas à se renouveler.
"On vit une période d’hérésie", souffle-t-il.
En résumé, tous les Français ne veulent pas d'électrique alors "on les matraque à coups de taxes avec des prix de véhicules qui deviennent inabordables, donc on n’en vend plus". Un cercle qui n'en finit plus, regrette celui qui est également animateur.
Ce qu'il propose face à cette situation: "si on revient à du pragmatique, nos mesures ne fonctionnent pas, elles produisent l’effet inverse. Donc on les raye, on attend et on part du principe qu'on s’est trompé". "Les malus écologiques, ça ne fonctionne pas donc arrêtons et libérons le pouvoir d’achat des Français", conclut-il.