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Malaises voyageurs: la RATP veut évacuer les personnes malades des rames, les syndicats s’alarment

RER B (illustration)

RER B (illustration) - AFP

Selon un document consulté par RMC, la RATP veut changer la procédure des malaises voyageurs, en faisant sortir ces derniers des rames par l'intermédiaire des autres usagers ou des conducteurs. Un projet qui fait polémique en interne.

C’est la première cause de retard sur le RER, avec plus de 700 trains bloqués l’année dernière, et 3,4 millions de voyageurs impactés. Les "malaises voyageurs" perturbent de plus en plus le trafic de la RATP. Le réseau francilien cherche depuis des années à améliorer l’efficacité de leur prise en charge. Une révision de la procédure vient d’être présentée aux salariés et elle fait polémique.  

Aujourd’hui, en cas de malaise voyageur, les conducteurs de métro ou de RER doivent stopper le train et attendre l’intervention d’un agent de gare, ce qui entraine des ralentissements, voire des interruptions de trafic. La direction de la RATP projette donc de demander aux conducteurs d’inciter les voyageurs à évacuer la personne malade de la rame, à l’aide de la sonorisation du train, ou d’évacuer eux-mêmes la personne sur le quai "en se faisant aider au besoin", selon le document interne que RMC a consulté.  

Envoyé la semaine dernière, ce document a créé l’émoi chez les syndicats de la RATP. L’UNSA-Transport juge le projet "dangereux et irresponsable" et attend des éclaircissements. "Il est pour nous inconcevable de toucher une personne dans cet état", s’insurge Force ouvrière, qui s’inquiète des conséquences judiciaires: "Que se passera-t-il si la personne sortie porte plainte car on l’a touchée?". Ce projet "ne doit pas être mis en œuvre", renchérit la CGT. 

"Le conseil de ne surtout pas déplacer une personne inconsciente est un vieux dogme ridicule"

La direction répond tenir compte de l’évolution de la doctrine des services de secours, "qui recommande désormais d’évacuer les voyageurs malades des trains pour leur apporter une aide à quai". "Le conseil de ne surtout pas déplacer une personne inconsciente est un vieux dogme ridicule", explique à RMC l’urgentiste Patrick Pelloux, qui a conseillé la RATP dans la révision de sa procédure. "Au contraire, c’est beaucoup plus simple pour nous d’intervenir sur une personne à quai, plutôt que dans une rame inaccessible dans un tunnel entre deux stations."

Les syndicats seront reçus un par un la semaine prochaine pour recevoir des précisions. Le calendrier de la mise en œuvre éventuelle de cette nouvelle procédure n'est pas encore connu. 

Victor Joanin