Nouvelle taxe sur les autoroutes: les prix des péages vont-ils forcément augmenter?

Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé ce mercredi son budget 2024, qui prévoit notamment 600 millions d'euros de taxes pour les autoroutes et les aéroports. Le président de Vinci Autoroutes a assuré que cette taxe impliquerait forcément une hausse des prix des péages pour les automobilistes.

Passer la barrière de péage sur l'autoroute vous coûtera-t-il plus cher dès l'an prochain? C'est la crainte, après que le gouvernement a présenté ce mercredi en Conseil des ministres son projet de budget pour l'année 2024. Un projet qui prévoit 600 millions d'euros de taxes pour les concessions autoroutières et aéroportuaires. Et ces taxes seront supportées aux trois quarts par les concessionnaires d'autoroutes. L’objectif, selon le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, est de "faire en sorte que ceux qui polluent davantage contribuent davantage" pour les investissements "extrêmement élevés" et "impératifs" nécessaires en matière de transition écologique.

Mais Vinci Autoroutes, concessionnaire de nombreuses autoroutes en France, prévient qu'il devra augmenter ses tarifs aux péages. "Augmenter les taxes, c'est inévitablement une hausse des tarifs des péages", a-t-il menacé. "Non", répond d'un ton ferme Bruno Le Maire dans la foulée. Le ministre de l'Économie l'assure: les concessionnaires ne sont pas libres. Il ne pourra pas y avoir de hausse au-delà de l'inflation.

"Le portefeuille de l’automobiliste n’est pas extensible"

Du côté des automobilistes, une nouvelle hausse fera mal au portefeuille en pleine période d'inflation. "On peut imaginer un pourcentage proche de celui de cette année (4,75% en moyenne en février 2023 selon une formule automatique liée au taux d'inflation, ndlr). Et donc ça pèse toujours plus parce que le péage, c’est une goutte d’eau dans les taxes que les automobilistes payent au quotidien, indique Alexandra Legendre, porte-parole de la Ligue des conducteurs, invitée de "Charles Matin" sur RMC. C’est sûr que le service est au rendez-vous, mais le portefeuille de l’automobiliste n’est pas extensible et ce serait bien de le prendre en considération. C’est déjà le cas pour certains trajets domicile-travail où il y a des forfaits, mais vous avez quand même des tronçons qui coûtent, on le voit en banlieue parisienne vers Dourdan, 1,70 euros le matin et le soir. Donc il y a quand même des efforts à fournir. Et puis, quand on voit les bénéfices des sociétés d’autoroutes, on se dit qu'un petit effort citoyen n’est pas totalement délirant."

L'invitée de Charles Matin : Les autoroutes encore plus chères en 2024 ? - 28/09

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Un bras de fer juridique

Tout cela ressemble à un bras de fer, qui devrait se poursuivre en bataille juridique. Concrètement, que dit la loi? Que les concessions peuvent effectivement répercuter des hausses de taxes, mais uniquement s'il y a un nouvel impôt spécifique aux sociétés d'autoroute.

Sauf que l'exécutif, qui a consulté le Conseil d'Etat, est convaincu d'avoir trouvé la parade en élargissant cette nouvelle taxe aux grands aéroports du pays pour ne pas viser donc que les autoroutes. À moins que la justice, si elle est saisie, considère qu'il ne s'agit que d'un artifice, qui serait alors insuffisant pour contourner la règle.

Cyprien Pézeril avec Guillaume Descours