RMC
Transports

"On est là et on ne bougera pas": la mobilisation des taxis se poursuit à Paris ce mardi

placeholder video
C'est le deuxième jour de mobilisation pour les taxis. Ils ont lancé une grève reconductible lundi contre les nouveaux tarifs de transport sanitaire imposés par l'Assurance maladie. Près de 6.000 manifestants sont attendus boulevard Raspail.

Deuxième jour de mobilisation pour les chauffeurs de taxis. Une nouvelle manifestation statique va se tenir ce mardi boulevard Raspail, à Paris, où certains ont même passé la nuit. Des taxis en provenance de Lyon, de l'Eure et du Finistère sont attendus dans la capitale pour rejoindre le mouvement.

Lundi déjà, 65 actions ont eu lieu en France mobilisant 7.500 taxis, selon la police. Point d'orgue de cette contestation, Paris, où près de 1.000 chauffeurs se sont rassemblés. Des heurts ont éclaté entre manifestants et policiers dans le 7ème arrondissement. 64 interpellations ont eu lieu dans la capitale.

"10 ans qu'on souffre"

La manifestation se poursuit en tout cas ce mardi, contre les nouvelles conditions tarifaires du transport sanitaire imposées par l'Assurance maladie et la concurrence des VTC. Des représentants des taxis ont été reçus lundi par les cabinets de leurs différents ministères de tutelle, a indiqué le ministère des Transports à l'AFP, sans avancées selon la Fédération nationale du taxi.

Bekhir Cihan est l'un des coordinateurs du mouvement parisien, syndiqué à la FNTI (Formation Nationale des Taxis Indépendants) et l'UNTP (Union Nationale Des Taxis Parisiens): "Ca fait 10 ans qu'on souffre, que tout le monde sait qu'on nous vole. Et aujourd'hui on s'en prend à la CNAM, on veut nous faire travailler 1 euro du kilomètre, ça devient plus possible". Alors il n'est pas prêt de rentrer chez lui.

"On ne part pas tant qu'on a pas un communiqué écrit avec de réelles avancées pour notre profession. On envisage de rester là le temps qu'il faudra", affirme-t-il, déterminé.

Il en appelle à tous les chauffeurs de taxi: "Ça va se compter en jours si les collègues déterminés veulent bien se donner la peine de venir. On est là et on ne bougera pas".

"On n'existera plus"

Marc Dutriaux, président du Syndicat des taxis ruraux d'Isère, ne partira pas non plus de la capitale sans avancées concrètes. "Ils nous mettent sur le dos le déficit de la Sécurité sociale, alors que les transports de malades représentent, en taxis, 1,5% des dépenses de la Sécurité sociale. Et nous, ils nous baissent notre salaire d'à peu près 50 à 60% du revenu", reproche-t-il.

"C'est notre dernière guerre contre l'État, après il n'y en aura plus, on ne sera plus là, on n'existera plus", soupire-t-il, inquiet.

Mais il ne perd pas espoir de suite, il espère que le mouvement continuera à prendre de l'ampleur: "on attend entre 5 et 6.000 taxis aujourd'hui parce que toutes les grèves de province, on les a fermées pour venir à Paris. Pour l'instant, on reste statiques ici".

Avec un seul objectif en tête: "être reçus par le ministère comme hier, mais avec un dénouement supérieur à celui d'hier".

Les manifestants rejoignent la capitale

Boulevard Raspail, les chauffeurs continuent d'arriver au compte-goutte, d'Ile-de-France, d'Ardèche, du Rhône, du Centre-Val-de-Loire. Café à la main, des groupes de trois ou quatre sont rassemblés entre les berlines. Échanges d'inquiétude.

Le gouvernement veut baisser le prix au kilomètre du transport sanitaire, cela veut donc dire baisse de revenus et de qualité de service, selon un chef d'entreprise qui se confie à RMC.

"On passait du temps avec les patients, on les aidait parfois à remplir des papiers avant qu'ils ne soient admis à l'hôpital. Ça ne sera plus possible", soupire un des manifestants.

Les taxis ce mardi matin sont très encadrés. Des barrières de gendarme et des fourgons les entourent, bloquent l'accès au boulevard et limitent la manifestation immobile. Ils sont déterminés à rester plusieurs jours. "A l'infini", s'emporte un artisan qui ne fait que du transport sanitaire. "Si le gouvernement maintient sa réforme, c'est fini"; conclut-il.

SG avec Marion Gauthier