Taxis en grève, colère légitime? "C'était open bar aux frais de la sécurité sociale", dénonce Zohra Bitan

Pau, Paris, plusieurs villes sont bloquées par les taxis en colère mobilisés contre la nouvelle tarification imposée par l'Assurance maladie sur les transports de malades aux chauffeurs conventionnés. La caisse nationale d'assurance maladie veut réduire le coût de ce dispositif pour accompagner les malades, notamment en zones rurales, qui doivent recevoir des soins, et introduire un tarif unique minimum dans tout le pays, à 13 euros par déplacement en taxi.
"Une prise en charge de la santé, presque sans limites"
"Ça a été open bar sur la sécu", déplore ce lundi sur RMC et RMC Story Zohra Bitan. Malade, elle raconte avoir pris des VTC par ses propres moyens alors qu'elle devait suivre 30 séances de radiothérapies: "On est dans un système qui a été dépensier à outrance sans voir ce qu'il faisait. Ça a été open bar sur la sécu, il y a eu une prise en charge de la santé, presque sans limites", regrette-t-elle.
"Mais là on passe à l'autre extrême, on essaie de faire des économies sur la santé des gens alors que c'est pire qu'avant", ajoute-t-elle, évoquant la santé mentale et la santé des jeunes.
Des abus dans les prescriptions?
Fatima, 49 ans, qui doit subir des chimiothérapies, raconte avoir été immédiatement renvoyée, à l'annonce du traitement à suivre, vers un taxi pour ses déplacements: "Pourquoi faire payer la sécurité sociale, quand je suis en capacité de me rendre moi-même en voiture au centre de cancérologie? Ça ne m'est pas plus confortable de rentrer en taxi alors que je dois parfois attendre".
"Il y a eu des abus dans les prescriptions des médecins et des hôpitaux, on a connu le buffet à volonté", estime de son côté Olivier Truchot sur le plateau des Grandes Gueules, qui cite l'exemple de son père, qui malgré un trajet facile en bus pour aller à l'hôpital, se voyait prescrire des trajets en taxi systématiquement.
"Cela devrait être subsidiaire de prendre un taxi", assure de son côté l'avocat Charles Consigny qui trouve les arguments des taxis "un peu courts". "Quand on est en position de gouverner, on ne se préoccupe pas de faire des économies aux contribuables en baissant le chiffre d'affaires d'un secteur".
"Ce pays devient une carte vitale"
"Attention à ce pays qui devient une carte vitale! La population vieillit, les gens sont dépressifs, tout le monde est accro à sa sécurité sociale. Pour un oui ou un non on se précipite chez le médecin ou on se fait arrêter", ajoute Charles Consigny.
"En consultation, la première chose que le patient demande souvent c'est le bon de transport parce que le taxi le réclame", déplore Antoine, médecin dans la Marne. "Les patients sont stressés et ont peur de se faire engueuler par les taxis. Et ces taxis, souvent auprès des secrétaires médicales, sont très véhéments pour se faire payer leurs taxis", ajoute le praticien qui estime que la réforme va pousser les médecins à mettre de moins en moins de patients dans les taxis.
Les taxis ont manifesté à sept reprises ces derniers mois. La manifestation de ce lundi doit mobiliser plus de 5.000 taxis selon la Fédération nationale des taxis. La nouvelle tarification, qui doit encore être approuvée par le gouvernement, doit entrer en vigueur le 1er octobre, selon l'Assurance maladie.