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Les taxis en grève bloquent plusieurs villes: "On nous demande de travailler plus pour gagner moins"

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Nouvelle mobilisation des taxis prévue ce lundi. Des blocages sont prévus partout en France pour protester contre la nouvelle tarification imposée par l'Assurance maladie sur les transports de malades aux chauffeurs conventionnés. Dominique Buisson, secrétaire national de la Fédération nationale du taxi, dénonce cette nouvelle convention.

Les taxis se mobilisent à nouveau ce lundi 19 mai. Cinq syndicats de la profession appellent à la grève reconductible pour protester contre les nouveaux tarifs du transport sanitaire imposés par l'Assurance maladie aux taxis conventionnés. Ces derniers ont été annoncés jeudi. Des blocages sont prévus un peu partout en France pour protester contre cette nouvelle tarification qui doit entrer en vigueur le 1er octobre, selon l'Assurance maladie. Elle doit encore être approuvée par le gouvernement.

Les chauffeurs de taxis se rassemblent notamment à Paris à partir de 7h, boulevard Raspail, à côté du ministère des Transports. Un rassemblement "statique", selon Dominique Buisson, taxi dans le Val d'Oise et secrétaire national de la Fédération nationale du taxi. Les taxis des Hauts-de-France doivent rejoindre la capitale en convoi. La Fédération nationale du taxi attend plus de 5.000 taxis.

Des manifestations également à Pau, ville de François Bayrou

La mobilisation aura également lieu à Marseille, Toulon, Toulouse, Lyon, ou encore Rouen. Mais aussi à Pau, la ville du Premier ministre François Bayrou. Près de 500 taxis venus d’Occitanie ou de Nouvelle-Aquitaine sont attendus sur place en milieu de matinée. Ils doivent partir vers 7h30 de Toulouse. Une partie bloquera la rocade toulousaine, tandis que l'autre rejoindra Pau. "Nous dénonçons une agression caractérisée du gouvernement. Nos activités ne pourront pas perdurer dans le temps", dit Stéphane Abeilhou, porte-parole des chauffeurs de taxis de la Haute-Garonne, à RMC.

"Cette rémunération va provoquer des faillites et des licenciements à la clé", ajoute-t-il.
Le 3216 RMC du 19 mai - 6h37
Le 3216 RMC du 19 mai - 6h37
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Un tarif unique pour les taxis

Les chauffeurs de taxi souhaitent que le Premier ministre entende leur mécontentement face à la nouvelle convention qui régit le transport médical effectué en taxi. Ils demandent "une rencontre interministérielle avec l'ensemble des ministères de tutelle", explique Dominique Buisson, invité de Charles Matin.

La caisse nationale d'Assurance maladie veut réduire le coût de ce dispositif, harmoniser les tarifs et optimiser les déplacements. En 2024, elle a remboursé 3 milliards d'euros aux taxis (+45% depuis 2019). Des coûts qui explosent. Cette nouvelle convention introduit donc un tarif unique dans tout le pays, à 13 euros par déplacement, avec une majoration pour les départs et arrivées dans les grandes agglomérations et une tarification kilométrique alignée sur le tarif fixé dans chaque département.

Le chauffeur reconnaît: "Il y a des économies à faire. Nous sommes prêts à contrôler nos dépenses". Mais "nous ne sommes pas le commanditaire de ces dépenses. L'effet volume est principal sous cette condition".

"Aujourd'hui, on nous demande de travailler plus pour gagner moins", dénonce-t-il.

Il rappelle que "c'est un service d'utilité publique surtout en matière rurale". L'un des "seuls éléments" qui permet "aux gens d'aller à leurs actes de soins".

Le 3216 RMC du 19 mai - 7h08
Le 3216 RMC du 19 mai - 7h08
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Du transport partagé

La CNAM souhaite limiter la facturation des retours à vide, mais veut aussi limiter le nombre de taxis conventionnés, au nombre de 40.000 aujourd'hui. De plus, à partir du 1er janvier 2027, chaque taxi sera équipé d'un système de géolocalisation qui alimentera le logiciel de facturation. Lieux, heures de départ, tout sera enregistré.

Stéphane Abeilhou est le porte-parole des chauffeurs de taxis de la Haute-Garonne: "Toute la profession est vent debout contre ces décisions, nous n'en voulons pas. C'est un gel total de ces négociations".

Une autre des mesures qui déplait, c'est bien le transport partagé. L'Assurance maladie souhaite inciter les chauffeurs de taxi a faire du covoiturage. Le chauffeur pourra prendre plusieurs patients en route pour un trajet médical. "Si l'assuré refuse, il devra s'acquitter de la prestation, de la course totale. L'Assurance maladie remboursera l'assuré avec une minoration", explique le secrétaire national de la Fédération nationale du taxi.

Mais il l'affirme, "nous ne sommes pas contre le transport partagé". Le problème, c'est la "méthodologie appliquée" et surtout, "ce sont les assurés qui vont en pâtir", conclut-il.

Phénomènes de violence

Finalement, il y a un autre sujet qui suscite la colère des professionnels. C’est l’impunité dont bénéficient les plateformes numériques de VTC, qui selon les syndicats "n’hésitent plus à prendre des clients aux chauffeurs de taxis traditionnels". "Nous sommes fatigués des exactions des plateformes de mise en relation, avec des phénomènes de violence que cela entraîne, les incompréhensions qu'il y a entre chauffeurs de VTC et chauffeurs de taxis", détaille Stéphane Abeilhou.

"Cette colère, le maire de Pau, également Premier ministre, doit l’entendre", confie-t-il.

"Et s'il ne l'entend pas, nous assiègerons la ville de Pau comme c'est programmé et nous y resterons le temps qu'il faudra tant que nous n'aurons pas obtenu satisfaction", conclut-il. C'est la septième fois que les taxis manifestent ces derniers mois.

SG avec J-W. Forquès