Permis de conduire à 17 ans: une mesure "électoraliste" selon la Ligue contre la violence routière

"On va les exposer davantage aux risques". Le vice-président de la Ligue contre la violence routière, Pierre Lagache, invité de Charles Matin, sur RMC ce vendredi, a justifié son opposition à l'abaissement de l'âge minimal pour passer le permis B et conduire seul à 17 ans à partir du 1er janvier 2024. La mesure avait été annoncée par la Première ministre, Élisabeth Borne, en juin dernier. Et le décret a été publié ce jeudi au Journal Officiel.
Un manque de préparation
Une mesure "électoraliste et populiste", selon Pierre Lagache, qui y voit un moyen pour le gouvernement d'"envoyer des signaux d'apaisement dans un contexte social tendu". Il est notamment inquiet du manque de préparation dont elle a fait l'objet: "Aucune étude d'impact n'a été réalisée au niveau de la délégation de la sécurité routière, ce qui est plus qu'étonnant". Le vice-président de la Ligue contre la violence routière a remonté l'inquiétude des enseignants de la conduite, qui "accompagnent au quotidien des jeunes dans l'apprentissage de la conduite".
"Il y a des inquiétudes à avoir par rapport à la question de la maturité. Il faut rappeler que les jeunes paient encore un lourd tribut à la sécurité routière", a-t-il affirmé.
Pierre Lagache a également rappelé que "la première cause de mortalité chez nos jeunes, ça reste aujourd'hui encore la route". En 2022, les 18-24 ans ne représentaient que 8% de la population mais ils étaient les plus exposés aux accidents de la route, avec 18% des morts selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière.
"Quand on est jeune, on a un rapport au risque qui est différent. On cherche ses limites d'une certaine façon", a prévenu Pierre Lagache, qui aurait préféré que le gouvernement se focalise d'abord sur ce problème de mortalité. "Face à une situation qui est insatisfaisante, qui est même dramatique, c'est-à-dire qu'on n'a pas réussi à régler ce problème de la mortalité des jeunes sur la route, ouvrons le dossier sur une réforme en profondeur du permis de conduire, puis ensuite on peut poser la question du permis à 17 ans."
Favoriser la mobilité dans les milieux ruraux
Pour le gouvernement, cette mesure est un moyen d'aider les jeunes éloignés des grandes agglomérations et vivant dans des régions mal desservies par les transports en commun. Elle vise à les rendre plus autonomes pour faciliter leur entrée dans la vie active.
"Moi j'habite dans une zone rurale mais j'ai jamais eu l'impression qu'il y avait un sujet grave sur la mobilité", s'est étonné Pierre Lagache.
Ces jeunes de 17 ans obtiendront un permis probatoire d'une durée de trois ans, soumis aux mêmes conditions que celles appliquées aujourd'hui pour ceux de 18 ans (disque A, 6 points sur le permis, vitesse limitée à 110 sur l'autoroute, taux d'alcoolémie maximal à 0,2 g/l de sang).