Projet de tunnel Lyon-Turin: pourquoi des tensions sont redoutées ce week-end

Des tensions sont redoutées à partir de ce vendredi et tout ce week-end en Savoie, dans la vallée de la Maurienne. Un appel à la mobilisation a été lancé par le mouvement “Les soulèvements de la Terre”, opposé au projet de tunnel de Lyon-Turin.
D’après les autorités, 3.000 à 4.000 personnes pourraient participer à la manifestation. Les services de renseignement redoutent la présence de 300 à 400 activistes déterminés, dont une bonne partie de militants italiens. Car même si de l’autre côté de la frontière, l’opposition au projet s’essouffle, les contestataires les plus déterminés pourraient se joindre à l’événement dont les organisateurs entretiennent le flou sur le parcours précis.
Les opposants dénoncent un projet néfaste pour l’environnement et inutile. Ils demandent son abandon et le recours à la ligne existante, sous-utilisée selon eux.
“On nous avait dit ‘il nous faut absolument cette nouvelle infrastructure parce qu’en 2017, il circulera entre la France et l’Italie, les marchandises transportables par 4 millions de poids lourds’. Et finalement, il n’a circulé que 1,4 million de poids lourds. Quand vous êtes presque au tiers de la prévision, vous vous posez la question de savoir s’il vous faut toujours la même nouvelle infrastructure. Et ce qui n’est pas acceptable, c’est quand on a déjà une infrastructure qui pourrait fonctionner et qu’on veut en construire une autre. Donc on va mettre en péril l’environnement alors qu’on pourrait ne pas le mettre en péril avec la ligne existante puisqu’il est parfaitement possible de le faire”, assure Daniel Ibanez, coordinateur de l’opposition au chantier Lyon-Turin.
Des élus demandent à l'Etat d'accélérer
Alors, face aux risques de violences et de débordements, le préfet de la Savoie a interdit la manifestation, ainsi que les drones. Il souligne que certains organisateurs sont connus pour leurs actions radicales et que, par exemple, des consignes pour porter des combinaisons bleues ont été diffusées, comme à Sainte-Soline. Au total, 2.000 policiers et gendarmes seront mobilisés.
Dans le même temps, des élus de la Maurienne favorables au projet se sont réunis ce jeudi à la gare de Saint-Jean-de-Maurienne.
“Turin sera à une heure de Saint-Jean-de-Maurienne. Donc, au niveau économique et touristique, c’est un plus”, estime Jean-Paul Margueron, président de la Communauté de communes Coeur de Maurienne.
De son côté, la Cour des comptes européenne estime qu'il faudrait entre 25 et 50 ans après la mise en service de la liaison pour que le CO2 émis par la construction soit compensé. "De savoir si c'est rentable à 30 ou 40 ans, c'est presque absurde. On peut imaginer que ce qui est en train de se construire servira sur le siècle futur. Et l'amortissement, j'ai envie de dire, il faut le prendre à cette hauteur-là", indique Philippe Rollet, maire de Saint-Jean-de-Maurienne.
Les élus demandent à l’Etat d’accélérer dans la réalisation de ce projet capital pour le dynamisme de la vallée.