"Qui peut penser que ça va bien se passer?": jugées anti-pauvres, les ZFE font toujours polémique

Les ZFE, "zones à faibles émission", toujours dans l'oeil du cyclone. Si elles se sont multipliées ces dernières années dans les grandes villes d'Europe, en France, la mise en place des ZFE fait de plus en plus polémique. D'ici 2025, 43 agglomérations devront intégrer sur leur territoire une ZFE excluant les véhicules polluants, selon la loi Climat et Résilience du 24 août 2021.
Dans un premier temps, il est prévu d'interdire, sous peine d’amende (68 euros), les véhicules au-dessus de "Crit’Air 3", c'est à dire les diesels d’avant 2011, les "essence" d’avant 2006 (soit 40 % du parc automobile actuel), puis ce sera au tour des "Crit’Air 2" (tous les diesels, ainsi que les "essence" d’avant 2011, soit 70 % du parc).
"Il faut revenir en arrière"
Plusieurs élus de droite comme de gauche s'opposent à cette réforme. "C'est une bombe sociale parce qu'il y a aujourd'hui dix millions d'automobilistes qui ont des véhicules Crit'air 3-4-5 qui vont être interdits de se déplacer", s'est indigné il y a quelques semaines sur Franceinfo Fabien Roussel, député communiste et ancien candidat à la présidentielle, invitant à "revenir en arrière" sur ce dispositif qui "pénalise les plus pauvres". Une mesure "anti-pauvres et anti-ruraux" rajoute de son côté sur RMC Laurent Jacobbelli, député du Rassemblement national.
En revanche, les écologistes y sont favorables. Karima Delli, députée européenne, présidente de la commission transports au Parlement européen, pense qu'il faut petit à petit avancer vers la fin de la voiture thermique, tout en aidant les plus précaires.
"Les ZFE ne doivent être mises en place que si des solutions alternatives sont mises en place pour les gens: les transports en commun, etc... On ne va pas virer les vieilles voitures du jour au lendemain, c'est faux", assure-t-elle, estimant qu'au contraire il faut "donner aux plus pauvres la priorité sur les alternatives".
"Edulcorer" les ZFE?
Invité de RMC ce vendredi, Pierre Chasseray, président de l'association 40 millions d'automobilistes s'est une nouvelle fois montré très remonté contre le principe de ces ZFE.
"C'est effrayant, qui peut décemment penser qu'on va interdire à un Français sur deux de rouler et que ça va bien se passer?", tacle-t-il.
Il ne compte pas tout "supprimer" mais estime qu'il faut "édulcorer" la mesure et que son association est en lien avec des représentants de chaque parti politique pour déposer une proposition de loi qui convienne à tous.
En ce sens de nuance, le président EELV de la Métropole de Lyon Bruno Bernard a annoncé mardi "l'assouplissement" du calendrier de la mise en place de la zone à faible émission (ZFE) de l'agglomération et "la remise à plat" de son projet d'extension au vu des controverses.
"47.000 morts en France dûs à la pollution en 2021. Donc on attend quoi?"
Pourtant, l'urgence de santé publique est bien là. Géraldine De Mori, cheffe du service météorologie et environnement de RMC, a livré un coup de gueule à ce sujet dans "Charles Matin" ce vendredi, s'indignant du manque de courage des politiques.
"Ça me rend dingue ! Il faut arrêter de reculer en se disant 'on verra comment ça se passe'. 47.000 morts en France dûs à la pollution en 2021. Donc on attend quoi?", interroge-t-elle, estimant que "ne rien faire, va coûter beaucoup plus cher".