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ZFE à Lyon: "Le calendrier de l’Etat est plus raisonnable et moins brutal" assure Christophe Béchu

Invité d’"Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu souligne l’obligation de mettre en place des zones à faibles émissions dans les grandes villes où la pollution est trop élevée. A Lyon, la métropole voulait durcir les conditions en 2026, mais a décidé de reporter cette mesure de deux ans. Pour Christophe Béchu, le calendrier de l’Etat est "plus raisonnable" et "moins brutal".

Coup de frein des écologistes de la métropole de Lyon dans la mise en place de la zone à faibles émissions (ZFE). Son président, Bruno Bernard, a annoncé ce mardi le report de deux ans, en 2028 et non 2026, du durcissement des conditions avec l’interdiction des véhicules Crit’Air 2. "Si on a des écolos qui commencent à sortir de postures et discours radicaux, c’est qu’on progresse et qu’on va dans le bon sens", estime le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu dans "Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story. Selon lui, le calendrier de l’Etat est "plus raisonnable" et "moins brutal".

"Il y en a qui ont décidé d’aller plus loin que la loi, explique-t-il. Ce que le président de la métropole de Lyon explique, c’est qu’il va modifier son calendrier, pas celui de l’Etat. Il avait dit : moi, parce que je suis encore plus écolo que les autres, je vais aller encore plus vite. Le calendrier de l’Etat est plus raisonnable et parfois moins brutal. D’abord, il s’applique dans les zones où on dépasse les seuils de pollution atmosphérique. Si votre air est sain, vous n’avez pas l’obligation de durcir les règles. Quand j’entends les fake news disant que toutes les villes de plus de 150.000 habitants interdiront toutes les voitures diesel dans trois ans, c’est faux. Cela dépendra de la pollution atmosphérique."

"On a trois villes aujourd’hui pour lesquelles on a été condamnées: Paris, Lyon, Marseille. Et on en a qui sont à la limite de ces seuils, poursuit Christophe Béchu. Très concrètement, pour celles-là, les voitures de plus de 20 ans, Crit’Air 5, au 1er janvier 2023, elles et elles seulement font l’objet d’une interdiction. Au 1er janvier 2024, les Crit’Air 4. Et au 1er janvier 2025, les Crit’Air 3. A Lyon, ils avaient dit qu’ils allaient même prendre les Crit’Air 2, donc y compris des voitures récentes et non diesel, pour les interdire à partir du 1er janvier 2026. Ils sont en train de se rendre en compte que ce n’est pas possible techniquement, parce que les voitures, il faut les produire."

"Si on va trop vite, trop loin, ça se retourne contre la transition écologique"

Pour Christophe Béchu, l’enjeu est de répondre à l’urgence climatique, sans fragiliser encore plus le secteur automobile. "Ce n’est pas le gouvernement qui a mis la charrue avant les bœufs. La France a été condamnée par le Conseil d’Etat, par la Cour européenne, rappelle le ministre. On a des obligations de montrer qu’on bouge sur la pollution atmosphérique, c’est ce que nous faisons. Ensuite, les maires ont la main pour mettre en place les dispositifs. A Toulouse, c’est un bon exemple, Jean-Luc Moudenc a décidé que pendant trois ans, des véhicules qui ne respectent pas les Crit’Air pourraient se rendre une fois par semaine à l’intérieur de la zone à faibles émissions. Il y a des gens qui n’ont pas la parole, ce sont les victimes de bronchiolite et d’asthme à cause des voitures polluantes. Eux, ils se retrouvent dans des services de réanimation, avec des problèmes respiratoires, parce qu’on ne prend pas les mesures."

"La politique, ce n’est pas seulement faire ce qui est possible, mais aussi savoir ce qui est nécessaire", ajoute Christophe Béchu, alors que le parlement européen a voté la fin des voitures thermiques en 2035. "La transformation à l’électrique, c’est une nécessité pour sortir du fossile, souligne-t-il. Garder le fossile, ça veut dire exploser les températures que nous avons décidé de respecter dans le cadre des accords de Paris, provoquer de la surmortalité, rendre une partie de notre territoire invivable…" Mais pour le membre du gouvernement, "si on va trop vite, si on va trop loin sous couvert de radicalisme, ça se retourne contre la transition écologique".

LP