RMC
Transports

"Ça accroît encore les inégalités": les ZFE accusées de mettre au pilori les plus modestes

placeholder video
Alors que la France espère généraliser les ZFE, ces zones limitant la circulation des véhicules les plus polluants, plusieurs élus de gauche appellent à reporter leur entrée en vigueur, déplorant des mesures antisociales.

Les ZFE, les zones à faibles émissions, se développent un peu partout en France. De nombreuses villes veulent ainsi limiter purement et simplement la circulation des voitures jugées polluantes, notamment les diesels, dans leurs centres-villes. Une généralisation est même prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants.

Mais de nombreuses voix déplorent une mesure contre les plus modestes: "Ce sont de véritables bombes sociales qui pénalisent les plus pauvres", a dénoncé lundi sur Franceinfo Fabien Roussel. Le président du PCF demande à revenir en arrière sur leur instauration partout en France. "Il faut un moratoire, il faut les déplacer, les décaler dans le temps. Aujourd'hui, dix millions d'automobilistes qui ont des véhicules Crit'Air 3, 4 ou 5 vont être interdits de se déplacer", appelle-t-il.

La métropole lyonnaise, pionnière en la matière, a elle déjà rétropédalé. En plein épisode de pollution, le président écologiste de la métropole Bruno Bernard a annoncé le report de l'interdiction des diesels à 2028 contre 2026 auparavant.

"Il faut proposer des alternatives"

À Montpellier, on rêve aussi d'un tel report. Deux députés Nupes de l'Hérault ont écrit au président socialiste de la métropole Mickaël Delafosse, lui demandant de ralentir aussi le processus en cours: "Cela accroît encore les inégalités", déplore ce mardi sur RMC Sylvain Carrière, député LFI de l'Hérault.

"C'est même la double peine dans certains quartiers parce que les habitants ne pourront plus utiliser leurs voitures et sans alternative au niveau des transports en commun. "Nous avons 13 millions de Français qui sont en précarité mobilité. Avec une telle mesure, le phénomène va s'accentuer", alerte l'élu.

"Ça va trop vite. Il faut proposer des alternatives avant de mettre en place les ZFE", ajoute Sylvain Carrière sur le plateau des "Grandes Gueules, déplorant l'absence de réponse de la métropole de Montpellier.

Une mesure européenne sans réponse technologique européenne

"Ce n'est pas une mesure anti-pauvres mais le risque, c'est que les gens les plus précaires des centres urbains pâtissent de la mesure", abonde l'ancien ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. "C'est une mesure européenne mais on n'a pas les véhicules propres européens. Les véhicules qui doivent arriver sur le marché en 2025 sont Chinois", ajoute-t-il déplorant le retard pris en la matière.

L'objectif principal des ZFE est d'améliorer la qualité de l'air, alors que 40.000 décès sont attribuables chaque année en France aux particules fines. Ces zones limitent la circulation des véhicules les plus polluants sur leur territoire. Ainsi, seules les voitures les moins polluantes (vignettes Crit’Air 1 ou 2, voitures électriques...) ont le droit d’y circuler.

G.D.