Retours de vacances: ces aires d'autoroutes qui pratiquent le low-cost

L'ensemble du territoire est classé rouge dans le sens des retours de vacances ce samedi, noir pour le Sud-Est, ce qui laisse présager une circulation extrêmement difficile sur les routes. Les autoroutes, comme chaque été, seront prisées par les Français et la plupart vont devoir s'arrêter sur les aires pour une pause toilettes, café ou repas… Et ce malgré les prix bien plus élevés qu'ailleurs! Mais certaines tentent de se démarquer.
La SANEF a lancé 11 "aires bons plans" : cinq en Hauts-de-France, trois dans le Grand Est, une en Île-de-France et deux en Normandie. On y trouve un menu à 5 €, comprenant un sandwich, une petite bouteille d’eau et un dessert (une compote), soit une économie de 2,50 €.
"On les évite autant que possible"
Ces aires proposent aussi une bouteille d’eau 1,5 L à 1 €, ou un café soluble à 1,10 €. Sur l’aire de Phalempin, dans le Nord, l’offre "bon plan SANEF" s’ajoute à une formule concurrente lancée par la franchise Franprix sur place : un menu équivalent à 4,95 €. Faut-il encore pouvoir les trouver sur son chemin.
"Les aires d’autoroute, on les évite autant que possible. Quand on n’a pas le choix, on s’arrête, mais le moins longtemps possible", assure auprès de RMC Julien, qui a fait un détur d'1h pour passer par la Belgique et éviter les péages. Il le promet, il va se renseigner sur le dispositif "Aire bon plan" pour le trajet du retour.
Horaires H24
En attendant, beaucoup de Français devont s'arrêter sur les aires traditionnelles. Alors pourquoi ces prix? Une station-service d’autoroute est ouverte 24h/24. "Il faut donc trouver du personnel, le payer y compris en horaires de nuit. Certaines périodes sont très chargées et rapportent beaucoup, comme en ce moment, mais il y a aussi des périodes creuses où il faut malgré tout laisser les magasins ouverts", explique ce samedi sur RMC Yves Croset, économiste et spécialiste des transports.
La station-service, le restaurant, le magasin... Tout le monde doit payer une redevance au concessionnaire de l’autoroute, c’est à dire qu’ils doivent verser un pourcentage de leur chiffre d’affaire.
Toilettes gratuites
"Il faut aussi rappeler que les stations offrent aussi des toilettes gratuites, dont l’entretien représente un coût important. Cela fait partie du cahier des charges : elles doivent être ouvertes, propres et gratuites. Tous ces coûts se compensent grâce aux ventes réalisées sur place", poursuit Yves Croset au micro d'Anaïs Matin.
D'autant que le péage reste cher. "Pour simplifier : une voiture qui consomme 5 litres aux 100 km coûte environ 10 centimes du kilomètre en carburant. Mais dès qu’on ajoute le péage, on double quasiment le prix du déplacement. Et pourtant, paradoxe : les autoroutes restent pleines", pointe Yves Croset.
Temps de parcours
Pourquoi? "On ne peut pas s’en passer, car elles offrent une qualité de service que les gens apprécient : gain de temps, sécurité (moins d’accidents qu’ailleurs), confort des aires", développe l'économiste. "Ce sont des routes de première classe, avec une offre de qualité. La vitesse et le temps de parcours sont l’élément clé : aller de Marseille à Lyon par la nationale prendrait bien plus longtemps", illustre-t-il.
C’est le même principe que pour les billets de TGV en heure de pointe : les voyageurs veulent se déplacer vite, donc les prix sont plus élevés que le simple coût du service. L’État comme les sociétés d’autoroutes en profitent pour pratiquer des tarifs relativement élevés.
Selon un sondage Arcane Research de 2023, 60 % des Français qui empruntent l’autoroute fréquentent les aires, mais ce chiffre est en baisse, tandis que 38 % préfèrent sortir de l’autoroute pour payer moins cher leurs achats essentiels.
Implantation des fast-food
Ces aires “low cost” ne sont pas les seules évolutions. "On constate aussi la disparition progressive des restaurants self-service ouverts 24h/24, trop coûteux à entretenir 365 jours par an. Ils sont remplacés par des chaînes comme McDonald’s ou des systèmes de restauration rapide type sandwichs", pointe Yves Croset. Quand un appel d’offres est lancé pour renouveler l’exploitation d’une autoroute, les entreprises (comme Carrefour ou Leclerc désormais) se battent pour décrocher le contrat. "Signe que l’activité est rentable", fait-il savoir.